Où en est la végétalisation de l’école privée Sainte-Anne dévoilée en 2023 ? La cour est devenue un outil d’éducation au vivant.
Il fut un temps – pas si lointain – où la neige pouvait, à elle seule, fermer les écoles. Aujourd’hui, c’est la chaleur qui impose peu à peu ses propres lois, transformant les salles de classe en étuve et les cours de récréation bétonnées en fournaise à ciel ouvert. Cette fin d’année scolaire a d’ailleurs connu son lot de fermeture d’écoles en raison des températures élevées.
À Ettelbruck, l’école Sainte-Anne a pris les devants. Depuis plus de deux ans, l’établissement privé mène un projet de végétalisation à grande échelle : murs couverts de plantes grimpantes pour refroidir les bâtiments, arbres de 20 ans plantés pour créer des zones d’ombre, plantation de haies indigènes…
«C’est notre directeur, Georges Kayser, qui a vraiment eu l’idée de départ», se souvient Laurent Theisen. «Il a dit qu’il fallait faire quelque chose pour lutter contre la chaleur dans les salles de classe.» Ce professeur de sciences, comme son collègue Nico Mercatoris, ont été intégrés au projet dès sa conception. Bien sûr, un architecte paysagiste est intervenu et a joué un rôle clé, mais comme l’explique encore Laurent Theisen, ce n’est pas qu’un projet ponctuel, c’est un véritable processus. Et si pour l’instant, les végétaux ne sont pas encore assez grands pour refroidir les salles, Nico Mercatoris a bon espoir que ce soit le cas l’année prochaine. En attendant, les élèves passent leur temps de pause à l’ombre des arbres.
«Tous les élèves ne sont pas toujours motivés»
La cour asphaltée s’est peu à peu transformée à partir de 2023 en écosystème pédagogique. Des bacs de culture accueillent légumes, plantes aromatiques et fleurs. Des nichoirs sont accrochés aux arbres et l’on aperçoit même, dans une zone de fauchage tardif, un grand hôtel à insectes. Les élèves participent à toutes les étapes : plantation, récolte, observation.
Quand on plante un arbre avec une classe, s’enthousiasme Nico Mercatoris, on laisse une trace, ce n’est pas juste un cours, c’est une expérience. Les arbres grandiront, des panneaux explicatifs seront fabriqués par les élèves en art plastique et cela deviendra, pourquoi pas, un sentier didactique. L’idée est de rendre chaque mètre carré vivant, lisible et éducatif. «Tous les élèves ne sont pas toujours motivés, il faut vraiment être honnête», glisse Laurent Theisen dans un large sourire.
Sensibilisation et formation
Ce travail patient est l’occasion d’exercices concrets : reconnaissance des espèces, identification des plantes, compréhension du vivant. Une serre hydroponique, montée en juin dernier, a été divisée en deux : dans la première moitié, sont installées des techniques modernes de culture verticale, utilisant l’eau de pluie récupérée. Dans la seconde moitié, il est prévu d’installer des bancs pour que les élèves aient des cours de travaux pratiques, dans cet endroit qui ne ressemble vraiment pas à l’idée que l’on se fait d’une salle de classe.
Tout ne s’est pas fait sans difficultés. Cette envie de végétalisation a dû s’adapter à des contraintes telles que l’accessibilité pour les secours, la circulation des élèves ou la gestion du planning des travaux pendant les vacances scolaires. Mais aussi aux réticences de certains membres de l’établissement à cause de son coût, cet argent n’allant pas à d’autres projets. Le personnel technique, qui entretient le tout, a été formé, les enseignants sensibilisés, notamment au bien-fondé du fauchage tardif ou de la non-tonte des «coins sauvages».
Dès la rentrée, le cycle recommencera. Le 15 septembre, lors de la première leçon, une classe partira récolter des pommes dans le verger de l’école. Ces Golden Delicious seront cueillies à la main, puis mises à disposition des élèves. Et le modèle inspire : plusieurs lycées ont contacté l’école, après sa présentation de cette végétalisation, lors d’un forum organisé par la section jeune du Méco. Reste à voir s’il est transposable aux écoles publiques.
