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À Belval, «pédaler est une étape cruciale vers l’indépendance»


Les quatre novices du vélo sont accompagnées de Gitanjali mais aussi de Jean et Vincent, de la Haus Vum Vëlo de Belval.   (Photo : dr)

Tandem Women est un programme européen qui forme des volontaires à devenir des professeurs de vélo pour d’autres femmes. Gitanjali, l’une des formatrices a ouvert son cours au Luxembourg.

Les premiers coups de pédale sont peu assurés. Le corps tremble et les gestes sont approximatifs. Peu à peu, le guidon bouge moins et le vélo va plus droit. Après seulement une heure de pratique, les cinq femmes savent se débrouiller seules. Avancer, s’arrêter, tourner. Dans le cours suivant, elles apprendront à gérer leurs deux-roues dans le trafic urbain.

Gitanjali Thakur est chercheuse en développement durable au Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST). Mais cet après-midi, elle est professeure de vélo. Sous ses conseils, cinq femmes qui ne sont jamais montées sur une bicyclette de leur vie apprennent à pédaler.

La jeune Indienne d’origine installe quelques cônes orange au milieu de l’université à Belval. Les cinq apprentis cyclistes prennent part et s’élancent chacune leur tour. Certaines avec assurance, d’autres avec plus d’appréhension. «Je ne suis pas très à l’aise, mais je n’ai pas peur», déclare l’une d’elles.

Gitanjali mais aussi Jean et Vincent, de la Haus Vum Vëlo, les accompagnent en courant à côté d’elles. La «Maison du vélo», récemment installée dans le hall de la gare de Belval, est partenaire de ce programme d’apprentissage. Durant six heures, les cinq femmes venues d’Inde, du Pakistan, du Brésil, mais aussi d’Ukraine et du Royaume-Uni apprennent tout sur ce mode de transport sain et durable.

Une pratique pour la santé et la planète

Gitanjali a suivi un programme faisant partie du réseau de mobilité urbaine de l’Institut européen d’innovation et de technologie (EIT) : Tandem Women. Depuis 2022, ce sont chaque année une dizaine de femmes de toute l’Europe qui reçoivent cette formation. Elles sont ensuite accompagnées pour ouvrir à leur tour des cours dans les États membres.

«Former d’autres femmes permet à la formatrice de se dire : « Je peux le faire« .» Gitanjali s’est lancée à la suite des nombreuses demandes de ses proches. «J’utilise mon vélo pour tout, car je n’ai pas de voiture. En discutant avec mes amies, beaucoup exprimaient le désir d’apprendre.» Se former auprès d’autres femmes a été une «magnifique opportunité de rencontres». «Leurs visages s’illuminent lorsqu’elles pédalent pour la première fois. Ça leur apporte de la joie et une confiance immense, c’est beau.»

Tandem Women a pour objectif de favoriser la liberté de chacune. «Pédaler est une étape cruciale vers l’indépendance», d’après Gitanjali. «Les femmes n’acquièrent pas seulement une nouvelle compétence, elles progressent vers une vie plus saine et plus autonome.» En plus de garantir une plus grande mobilité, le vélo a des avantages pour la santé.

Une solution vers l’égalité des sexes ?

La pratique du cyclisme est l’une des «illustrations les plus frappantes de l’inégalité entre les sexes» sur tout le globe et particulièrement dans les pays en voie de développement. Selon un institut spécialisé dans les transports (ITDP), les femmes manquent d’accès aux vélos. À la fois financièrement mais aussi, parfois, culturellement.

Dans certains pays, la pratique du cyclisme par les femmes est très mal vue. Ces dernières n’ont pas la possibilité d’apprendre à en faire en étant enfant et sont ensuite confrontées au regard de la société et à la peur pour leur sécurité.

Toutes les grandes villes ne sont pas équipées de pistes cyclables protégées et la circulation y est parfois dense et dangereuse. Pourtant, l’accès à des vélos pourrait permettre aux femmes de se déplacer plus rapidement pour se rendre sur leur lieu de travail notamment. Mais aussi se sentir Fplus en sécurité car sur un deux-roues, les agressions de rue sont moins nombreuses.