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À 16 ans, il braque une station-service à Echternach


«Il portait une cagoule. Je voyais juste ses yeux bruns», s’est souvenue Brigitte, l’employée de la station-service. (photo : archiveslq)

Mineur au moment des faits, Benjamin a pourtant été jugé comme un adulte pour le braquage d’une station-service à Echternach. Il avait besoin d’argent pour rembourser son dealer.

À l’âge de 16 ans, Benjamin a braqué une station-service à Echternach. Les faits datent du 12 avril 2022 et ont été jugés suffisamment graves pour que le jeune homme, aujourd’hui âgé de 19 ans, soit renvoyé devant la justice des adultes. Son jeune âge lui vaut cependant de comparaître devant une chambre correctionnelle et non pas devant une chambre criminelle, comme c’est normalement le cas pour ce type de faits. Ce qui aura également une incidence sur la durée de la peine que prononcera la 12e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement le 2 mai prochain.

Le parquet lui reproche d’avoir commis un vol avec menaces et violences dans une maison habitée. Une circonstance aggravante. Benjamin a volé le contenu de la caisse, soit 890 euros. À la barre hier matin, il explique : «J’avais des dettes auprès de mon dealer. Il m’a mis la pression. J’ai paniqué. C’est la seule solution que j’ai trouvée.» Ce à quoi le président lui répond que, s’il avait dénoncé son dealer à la police au lieu de commettre le braquage, «le dealer se trouverait ici à votre place».

«Il a plaqué le couteau contre ma poitrine»

L’adolescent, alors placé au centre socio-éducatif de Dreiborn, s’est introduit dans la station-service peu avant 18 h. «Il portait une cagoule. Je voyais juste ses yeux bruns», s’est souvenue Brigitte, l’employée de la station-service présente le jour des faits. Benjamin lui a réclamé un paquet de cigarettes avant de sortir un couteau et de la rejoindre derrière la caisse.

«Il a plaqué le couteau contre ma poitrine et m’a demandé d’ouvrir la caisse. Il me disait qu’il ne m’arriverait rien si je m’exécutais. (…) C’était l’affaire d’une ou deux minutes.» Dans la confusion, les gestes habituels se brouillent et la vendeuse ne parvient pas à ouvrir le tiroir-caisse du premier coup. Brigitte croit avoir essayé de repousser son agresseur, mais ne se souvient plus bien. «J’essaye d’oublier», se justifie-t-elle. La sexagénaire n’a pas souhaité porter plainte contre le prévenu, ni réclamer de dommages et intérêts.

Un casier encore vierge

L’argent en poche, Benjamin a pris la fuite pour aller s’acquitter de sa dette. Il aurait également passé une nuit dans un hôtel. La police a mis un certain temps à retrouver sa trace. C’est finalement une de ses éducatrices qui l’identifiera grâce à ses vêtements particuliers sur une photographie tirée des images de vidéo-surveillance de la station-service. «Le prévenu était convaincu d’être à l’abri et de ne pas pouvoir être mis en relation avec les faits, faute de preuves incriminantes»,  indique le procureur. Benjamin a fini par avouer les faits au juge d’instruction.

Normalement, le prévenu devrait écoper d’une peine de réclusion criminelle de 10 à 15 ans pour ce type de faits. Le représentant du parquet a néanmoins demandé au tribunal de le condamner à 5 ans de prison, et ne s’est pas opposé à un sursis étant donné «qu’au moment des faits, son casier judiciaire était encore vierge». Quelques mois après l’instruction de la présente affaire, Benjamin a récidivé et a été condamné dans la foulée à une peine de 5 ans de prison dont quatre avec sursis pour «le même type de faits».

«Je me suis laissé influencer par les mauvaises personnes», a reconnu le prévenu, qui assure vouloir retomber sur ses pattes. Le magistrat a cependant du mal à croire en la sincérité de son repentir. «Il a envoyé une capture d’écran de l’article de RTL sur le braquage à ses amis, ainsi que des photographies de son butin», note-t-il.

Me Sadler, son avocate, a mis en avant certaines circonstances atténuantes pour lui sauver la mise, parmi lesquelles son enfance difficile au sein d’un foyer déficient, ou le dépassement du délai raisonnable pour être jugé. Elle a ensuite prié le tribunal d’arrêter son jugement sur une peine adaptée à un adolescent et de prononcer une peine de travail d’intérêt général si la durée de la peine s’y prête, sinon un sursis intégral ou probatoire, tout en évitant de le condamner à une amende.