Un site de 7,5 hectares, quelque 380 exposants et des animations à gogo… La foire agricole d’Ettelbruck, c’est la sortie en famille de ce week-end pour échanger avec les producteurs!
Il faut toujours s’attendre à apprendre quand on parcourt la foire agricole d’Ettelbruck et que l’on discute avec les producteurs. C’est ce que fait le public qui aime ce rendez-vous traditionnel. La ville d’Ettelbruck a encore mis les petits plats dans les grands et on les déguste tous avec le même appétit.
T’as vu papa, la roue est plus grande que moi ! », lance la petite fille impressionnée devant un tracteur aux dimensions gigantesques. « Je crois qu’elle est aussi plus grande que moi », lui répond l’homme en s’approchant, la mine amusée. Le père mesure son mètre quatre-vingt-cinq et finit par prendre sa fille sur les épaules pour qu’elle puisse toucher le haut du pneu.
Un engin démesuré, un prix qui l’est tout autant. Il faut compter au moins 150 000 euros pour acquérir cet indispensable outil de travail.
Quand on pense au 26 cents du litre de lait qu’obtient l’agriculteur actuellement, ça fait mal. Les autres filières ne sont pas mieux loties. S’ajoutent à cette crise qui a germé à la suite de l’abolition des quotas laitiers, un printemps catastrophique et un début d’été qui l’est tout autant. À Bruxelles, la Commission européenne ne prévoit pas de mesures dans l’immédiat pour soutenir financièrement les paysans qui croulent sous des stocks de produits laitiers (beurre, lait en poudre…) Il faudra voir ce qu’elle propose pour le Conseil des ministres de l’Agriculture dans deux semaines.
En attendant, à Ettelbruck, on essaie tant bien que mal de ne pas penser à Bruxelles et de célébrer tout un secteur qui donne rendez-vous pour tout le week-end à un public qu’il contribue à nourrir.
Ettelbruck et sa traditionnelle foire agricole offre une image forte de l’agriculture luxembourgeoise qui vient étaler toute sa variété autant que sa qualité.
« Ettelbruck, c’est le meilleur moyen de rapprocher le consommateur du producteur », observe le ministre de l’Agriculture, Fernand Etgen, qui s’exprime sous un chapiteau dans un joyeux brouhaha, à l’heure de l’inauguration officielle de la foire, vendredi sur le coup de 17 h. Il est le dernier à s’exprimer. Avant lui, le président de la Chambre d’agriculture, Marco Gaasch avait mis l’accent sur la crise que traverse le secteur. « La météo n’arrange pas les choses et toute cette pluie entraîne des maladies, les champignons prolifèrent partout des céréales aux vignes », souligne le président en augurant de lourdes pertes.
Une pétition qui marche
Dans les travées de la foire, sur quelque 7,5 hectares, les producteurs exposent le fruit de leur travail. Celui que l’on trouve dans nos assiettes. Ou plutôt que l’on devrait davantage trouver dans nos assiettes. Car Marco Gaasch a également rappelé la pétition introduite à la Chambre des députés et qui est sur le point de récolter les 4 500 signatures nécessaires pour ouvrir un débat. Cette pétition demande au gouvernement de se fournir chez les producteurs nationaux pour alimenter les restaurants collectifs comme les cantines, les maisons relais ou les maisons de retraite.
Loin de gêner le ministre, cette pétition recueille tout son soutien et le réjouit. Il n’est pas le seul. Vendredi, le public qui s’est déplacé massivement «pour un vendredi», selon un exposant qui fréquente la foire depuis 30 ans, a apprécié la visite et le goût du terroir qu’elle offre à chaque stand.
La foire agricole, c’est l’œuvre de la commune d’Ettelbruck qui organise tout et qui chaque année propose un programme d’animations qui séduit les familles.
Geneviève Montaigu
Voir le programme sur le site de la foire www.fae.lu
Brexit, glace, propreté et écoliers
Brexit et PAC
Le thème n’a guère été abordé dans les discours et pourtant, il est important. L’eurodéputé Charles Goerens, venu en voisin et en fin connaisseur du secteur agricole, rappelle que la Grande Bretagne est un contributeur net à hauteur de cinq milliards d’euros. « Ce n’est pas rien, avec le départ des Britanniques, ce ne sera pas plus d’argent pour la PAC, mais moins », assure le député européen.
Lait de chèvre
Mine de rien, la météo plutôt pas trop hostile incitait à manger une bonne glace, confectionnée à la ferme. Mais surprise, en s’approchant du stand et en lisant de plus près, on apprend que les glaces sont faites à base de lait de chèvre! Un produit typique d’une ferme de Weiler-la-Tour. À essayer.
«Ici c’est propre»
S elon un exposant qui traîne ses guêtres à la foire agricole d’Ettelbruck depuis plusieurs décennies, « c’est la plus belle après celle de Libramont ». Mais selon lui, c’est surtout la plus propre. Les allées sont en effet tapissées de copeaux de bois qui recouvrent le sol encore et toujours humide. « On ne traîne pas dans la boue parce qu’ici on a déjà tout vu, 40 °C à l’ombre ou le grand déluge »›, nous dit-il.
Des écoliers émerveillés
Vendredi, c’était le jour des classes. Toute la journée, les petits écoliers ont défilé et ils étaient attendrissants devant les box des animaux. Certains imitaient d’ailleurs très bien le bêlement des moutons et ce petit jeu les amusait beaucoup. Mais ce sont les ânes qui ont eu un succès fou et après eux, les chevaux Hafflinger, surtout les juments avec leurs poulains à peine âgés de quelques semaines…