Une étude coordonnée par le RETEL s’est penché sur le phénomène du chômage longue durée afin de mieux l’appréhender. Si celui-ci est en baisse, il représente tout de même près de la moitié des chômeurs.
Si le taux de chômage reste assez faible au Luxembourg, autour des 4,9 % le mois dernier, le pays fait face à un problème de chômage de longue durée (c’est-à-dire les demandeurs d’emploi inscrit depuis au moins 12 mois) particulièrement important.
Afin de mieux comprendre ce phénomène, le ministère du Travail, de l’Emploi et de l’Économie sociale et solidaire a réalisé une étude intitulée « Le chômage de longue durée au Luxembourg ». Coordonnée par le RETEL (Réseau d’études sur le travail et l’emploi au Luxembourg) et réalisée en collaboration par le LISER et l’IGSS, elle montre que 6 500 chômeurs de longue durée étaient inscrits à l’ADEM en septembre 2022. « Ces demandeurs représentaient alors 46% des demandeurs d‘emploi résidents disponibles », précise le ministère.
Leur nombre été multiplié par 2,2 ces 15 dernières années, alors que celui des demandeurs d’emploi n’a été multiplié que par 1,6. Mais le dynamisme du marché du travail et la pénurie de main-d’œuvre profitent actuellement à l’ensemble des chômeurs. Depuis 2021, la tendance est donc à la baisse.
L’expérience professionnelle en cause
« La probabilité, pour un demandeur d’emploi venant de s’inscrire à l’ADEM, d’être confronté à un chômage de longue durée est de 16 % », rappelle le ministère. Les causes sont nombreuses mais on note parmi elles la présence, assez inattendue, de l’expérience professionnelle. Ainsi, les demandeurs sortant d’une longue période d’emploi ont un risque plus grand de connaître un chômage de longue durée.
Ce constat étonnant peut s’expliquer par l’obsolescence des compétences des travailleurs en poste depuis de nombreuses années. « Deux autres hypothèses pourraient concerner le manque d’adaptabilité que peuvent manifester des personnes installées dans un emploi depuis longtemps ou encore leurs exigences élevées, en termes de conditions de travail et de salaires », ajoute l’étude.
Un nouveau modèle de profilage
La mise en lumière des causes du chômage longue durée a permis au ministère d’élaborer un modèle de profilage. Celui-ci permettra de prédire, au moment de l’inscription à l’ADEM, le risque pour le demandeur d’emploi de tomber dans le chômage longue durée. Et ainsi lui proposer une prise en charge plus adaptée.
L’étude a également montré que 35 % des des chômeurs longue durée possédaient un statut spécifique : travailleurs à capacité de travail réduite (suite à un reclassement externe) et/ou salariés handicapés. Ces catégories sont bien plus fréquemment confrontées au chômage, en particulier de longue durée. « C’est le cas de 84% des reclassés externes et de 77% des salariés handicapés inscrits à l’ADEM, contre 37% des demandeurs d’emploi sans statut spécifique. »