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L’acier européen en danger : réunion de crise à Paris


(Photo : Julien Garroy)

Plusieurs ministres européens de l’Industrie, dont le Luxembourg, participent ce jeudi 27 février à Paris, sur place ou à distance, à une réunion de crise destinée à demander à Bruxelles « d’accélérer » son soutien à l’industrie européenne de l’acier, « proche du point de rupture » selon Paris.

Avant même de prendre en compte les menaces de relèvement des droits de douane de Donald Trump sur l’acier et l’aluminium importés à partir du 12 mars, la situation de la filière industrielle de l’acier en Europe est « dramatique », souligne-t-on au ministère français de l’Industrie et de l’Énergie.

La sidérurgie est « proche du point de rupture aujourd’hui » en Europe car elle souffre d’une baisse de la demande de ses clients, selon cette source.

En cinq ans, la demande d’acier en Europe a baissé de 25 %, du fait notamment de l’atonie du secteur automobile et de la « panne » de celui de la construction, ajoute ce ministère, qui se dit attaché à défendre la souveraineté du Vieux continent, l’acier étant à la base de nombreuses autres filières industrielles.

Sur les 12 derniers mois, Bercy a recensé la fermeture de « cinq haut fourneaux de production d’acier primaire en Europe centrale ». « Des baisses de cadence sont observées en Allemagne, en Roumanie, en Hongrie », ajoute-t-on. « La plus grande aciérie tchèque a été déclarée en faillite et, en Allemagne, Thyssenkrupp a annoncé la suppression de 11 000 postes ».

L’annonce de la mise en place par les États-Unis de droits de douane de 25 % sur l’acier et l’aluminium importés constitue « un choc supplémentaire », ajoute-t-on.

D’autant que les sidérurgistes européens sont confrontés à d’autres problèmes : une surproduction mondiale d’acier alimentée par une concurrence « déloyale » venant de Chine et d’Asie, qui fait baisser les prix et « dégrade la compétitivité des entreprises », selon Bercy, la suppression progressive des quotas carbone gratuits, les investissements gigantesques nécessaires pour décarboner la production afin de réduire les émissions de CO2, et la cherté du prix de l’énergie en Europe.

Les ministres italien et espagnol seront présents à Paris jeudi. L’Autriche, la Belgique, la Commission européenne, la Hongrie, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Pologne, la Slovénie, la Slovaquie et la Suède participeront en visioconférence.

L’enjeu de cette réunion est de préparer le « dialogue stratégique » sur l’acier qui va durer « six semaines » à Bruxelles, réunissant responsables politiques, industriels et acteurs de la filière, a indiqué le ministre français Marc Ferracci lors d’une visite mercredi soir dans les ateliers du siderurgiste Riva près de Paris.

Il souhaite aussi « rendre plus efficace » le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF) actuellement en phase de test. « Ce mécanisme de taxation du carbone émis par l’acier importé « a besoin d’être amélioré sans quoi il permettra à trop d’acier produit de manière carbonée de rentrer en Europe », a jugé Ferracci.

En Europe, la production d’acier emploie 300 000 personnes. En France, qui compte deux hauts fourneaux, à Dunkerque et à Fos-sur-Mer, l’acier primaire emploie environ 15 000 personnes.