Le photographe Paulo Lobo présente son projet sur le couple, «Two Hearts Beating», dans la très belle Salle des pendus de Lasauvage.
C’est sur invitation du Minett Park Fond-de-Gras que Paulo Lobo a occupé la Salle des pendus de Lasauvage avec son exposition «Two Hearts Beating». Un projet sur le couple sur lequel il a travaillé ces trois dernières années. Une série qui met en scène Jessie Simões et Luca De Michele, réalisée sur une dizaine de shootings, en plein air, avec une seule exception, un rendez-vous pris en studio.
«Ce sont deux jeunes que je connais et suis depuis longtemps. J’ai voulu les regrouper et en faire un couple fictionnel», note le photographe. Pour ce grand amateur de septième art, Jessie Simões ressemble à Julie Christie dans Fahrenheit 451, tandis que Luca a quelque chose d’Alain Delon jeune.
En d’autres termes, c’est un magnifique couple de cinéma qu’a réuni Paulo Lobo pour en tirer ces images arrêtées, où les deux personnages ressortent presque de nulle part, avec un décor sinon absent, toujours discret. Le concept pour cette série était de se réunir dans un lieu à chaque fois différent de Luxembourg de manière plus ou moins spontanée avec ces modèles et prendre, là, simplement, des clichés autour de l’idée du couple. «Ils se rapprochent, s’éloignent, se touchent… comme le ferait un couple, de manière naturelle.» L’idée derrière ces rendez-vous : «Travailler sur les regards, sur la gestuelle des corps – d’autant que tous les deux ont une formation en danse – pour illustrer cette idée de la relation amoureuse qui passe par plusieurs phases, de la passion brûlante à une triste indifférence à la fin, en passant tantôt par la haine, tantôt par la manipulation, par la peur de l’autre, le rejet, etc.»
Un lieu extraordinaire
Il y a du Bonnie and Clyde, du Roméo et Juliette, du Chloé et Colin dans ces clichés, à moins qu’on ne soit pas là face à un couple déchiré à la Antonioni. Mais les deux modèles deviennent aussi, ici des sortes de dieux grecs, là des vampires noctambules, etc. Le photographe joue avec la lumière, les ombres, maîtrise le clair-obscur à la perfection, s’amuse avec les flous.
Si la très grande majorité des clichés sont en noir et blanc, Paulo Lobo, ne s’interdit pas non plus la couleur, quand celle-ci lui permet d’apporter plus de passion ou à l’inverse une certaine froideur.
Ce «Two Hearts Beating» sied à merveille à l’ambiance surannée et un peu sombre de la Salle des pendus de Lasauvage, à ces vieilles douches et à ces anciens casiers rouillés dans lesquels le photographe a eu la bonne idée d’insérer photos, lumières et parfois même l’un ou l’autre texte poétique issue de sa plume. «Je joue un peu avec ce lieu extraordinaire, note le photographe, le visiteur doit faire de même. Rien que le nom de l’endroit, salle des pendus, va à merveille avec les idées noires présentes dans l’expo et ce couple qui se morcelle au fur et à mesure que l’amour disparaît.» Il ajoute : «Et puis il y a ici ce volume, cette matière, ce mobilier, ces fissures sur les murs qui permettent, parfois, un dialogue presque organique avec les photos. Ça donne une ambiance vraiment unique!»
Pablo Chimienti
Salle des pendus – Lasauvage. Jusqu’à dimanche de 14 h à 18 h.
Puis de jeudi à dimanche 19 août.