Les maisons relais fêtent leurs 20 ans. L’OEJQS, un observatoire du ministère de l’Éducation nationale, a dressé la liste des défis qu’il reste à surmonter pour faire avancer le secteur dans les prochaines années.
Voilà déjà 20 ans que les maisons relais accueillent les enfants âgés de 3 à 12 ans. L’occasion pour l’Observatoire national de l’enfance, de la jeunesse et de la qualité scolaire (OEJQS) de sortir un rapport thématique tirant le bilan de ces vingt dernières années. Intitulé «SEA-Strukturen – Herausforderungen und Perspektiven der non-formalen Bildung», il met en lumière les défis et les perspectives de l’éducation non formelle. Selon le Conseil de l’Europe, cette dernière «recouvre tous les programmes et processus planifiés et structurés d’éducation individuelle et sociale destinés aux jeunes et visant à améliorer un ensemble d’aptitudes et de compétences, en dehors du cursus éducatif officiel».
«Au Luxembourg, les maisons relais ont été la première pierre angulaire de l’éducation non formelle», explique Danielle Schronen, l’observatrice en charge du sujet. Créées en 2005, ces structures ont été renforcées dès 2009 par la création d’un chèque-service accueil (CSA), une aide financière qui accorde aux parents des tarifs réduits pour les prestations d’éducation et d’accueil. En 2013, le cadre de référence «Éducation non formelle des enfants et des jeunes» a été mis en place : «Cela facilite la cohérence des deux piliers de l’éducation que sont l’éducation nationale et l’éducation non formelle», complète l’observatrice.
Le dernier développement en date est la modification de la loi Jeunesse en 2016, qui a ajouté le dispositif «assurance de la qualité». La loi prévoit les conditions à remplir par les prestataires du secteur pour être reconnus prestataires CSA. «Des personnes se rendent dans les structures pour s’assurer du bon respect des règles et identifier leurs faiblesses afin d’aider à leur développement.»
Un manque de vision commune
Et si le secteur de l’éducation non formelle s’est bien développé depuis sa création, cette expansion ne vient pas sans son lot de nouveaux défis. Les acteurs de terrain interrogés par l’OEJQS pointent en premier lieu le manque de vision commune entre l’éducation nationale et l’éducation non formelle. «Ce sont deux mondes très différents qui ont du mal à se rencontrer et à se rapprocher. Mais malgré leurs différences, ils ont beaucoup de choses en commun et se complètent», détaille Danielle Schronen. Pour régler ce problème, l’observatoire recommande des rapprochements dès la formation initiale du personnel des deux secteurs. La mise en réseau et la coopération doivent inclure aussi les assistants parentaux, les parents et les acteurs locaux afin de garantir des parcours éducatifs continus pour les enfants.
L’hétérogénéité dans les cultures, les langues et les diplômes, qui concerne aussi bien le personnel que les enfants, est un autre grand défi. «Cette grande diversité fait qu’il est difficile de trouver l’équilibre», estime l’observatrice. Pour créer de bonnes équipes fonctionnant bien malgré la diversité de diplômes et connaissant bien les enfants et les particularités locales, l’OEJQS recommande le développement de formations sur le terrain, dans les maisons relais directement. «L’idée, ce serait que des formateurs viennent dans les équipes pour faire du team coaching, par exemple. Il est important de bien connaître ses collègues pour bien travailler.»
Une «place de choix» dans l’éducation
Et pour que le secteur puisse avancer au mieux, il a besoin de données et d’analyses. Quelque chose qui manque aujourd’hui : «Nous avons plusieurs sources d’information, mais elles ne sont pas analysées. C’est important de le faire dans l’avenir pour s’assurer que le secteur que nous avons développé est bien en place et fonctionnel», assure l’observatrice. En additionnant le travail des conseillers qualité travaillant sur le terrain et des données, cela pourrait aider à régler les problèmes du secteur : «Si l’éducation non formelle manque de personnel, la solution se trouve au niveau du gouvernement.»
Ces recommandations ont pour but d’aider l’éducation non formelle à se développer davantage et à avoir de belles perspectives devant elle. «L’éducation non formelle contribue énormément à l’égalité des chances, considère Danielle Schronen. C’est une bonne nouvelle, car l’égalité d’accès mène à l’égalité sociale.» Au travers de l’éducation à la nourriture, à la nature ou encore au vivre-ensemble, elle profite aussi au développement de tous les enfants. «C’est assez remarquable par rapport à l’école… Elle a réellement une place de choix.» Il est donc important, selon l’OEJQS, de garantir un bon accueil dans les structures.