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1er-Mai : l’OGBL fustige une politique «dégoûtante et inacceptable»


«Ce gouvernement ne veut pas s’assoir à la table des négociations? Alors, il n’y a pas d’autre alternative que d’aller battre le pavé», met en garde Nora Back, la présidente de l’OGBL (Photos : julien garroy)

Le premier syndicat du pays a lancé une nouvelle salve massive contre le gouvernement, hier,lors de sa manifestation du 1er-Mai. Le message est clair : «Stop aux attaques» contre les salariés.

L’image est trompeuse. Le Premier ministre, Luc Frieden, flanqué de son ministre du Travail, Georges Mischo et de la ministre de la Sécurité sociale, Martine Deprez, partagent sous le soleil de l’abbaye de Neumünster un verre avec la présidente de l’OGBL, Nora Back. Les sourires sont au rendez-vous, l’ambiance semble au beau fixe. Peut-être parce que la délégation gouvernementale n’a pas assisté au discours cinglant de la cheffe de file du premier syndicat du pays, qui a lancé une nouvelle salve massive contre la majorité conservatrice-libérale et ses «attaques» incessantes contre les salariés.

En cause, la volonté d’affaiblir le cadre légal sur les conventions collectives, l’extension du travail dominical, la prolongation des heures d’ouverture dans le commerce et la réforme annoncée des pensions. Rien de neuf toutefois pour Luc Frieden et ses collègues ministres, présents auparavant au discours du 1er-Mai de Patrick Dury, le président du LCGB, nouvel allié de l’OGBL.

«Nous allons continuer à nous battre»

«Nous vivons dans un pays où certaines personnes empilent les milliards, tandis que d’autres ne savent pas s’ils pourront payer leur prochaine facture d’électricité. Nous travaillons tous les jours, dans la santé, la construction, les commerces, les fabriques, les écoles, les banques et les bureaux, mettons en péril notre temps de vie, nos nerfs et, en partie, notre santé», introduit Nora Back, avant de balancer : «Et pourtant, nous entendons sans cesse que le droit de travail est trop rigide, que les salaires sont trop élevés, que l’on ne travaille pas assez, que l’on est trop souvent malade, que les syndicats dérangent, que manifester est dangereux, que nos drapeaux sont des armes.»

Le modèle social se limiterait désormais à des «bavardages» après lesquels le «CEO tranche». La présidente de l’OGBL fait allusion au Premier ministre, qui en début de mandat s’était présenté comme directeur général du pays. «Le gouvernement Frieden a décidé de s’attaquer au modèle social luxembourgeois avec une brutalité inédite», enchaîne-t-elle. «Ce gouvernement ne veut pas s’assoir à la table des négociations? Alors, il n’y a pas d’autre alternative que d’aller battre le pavé.»

Le rendez-vous est d’ores et déjà fixé : le 28 juin prochain, le nouveau front syndical «historique», formé par l’OGBL et le LCGB, va organiser une grande manifestation nationale à Luxembourg-Ville. Ce sera un moment clé, mais pas le point final. «Nous allons continuer à nous battre, jour après jour. Jusqu’à ce que le gouvernement nous aura entendus.»

Les points de discorde majeurs restent inchangés. Et le message sans équivoque : «Stop à cette politique du gouvernement.» Cela vaut pour notamment pour la soi-disant modernisation du temps de travail. «Réduction des pauses pour le travail posté, moins de 44 heures de repos continu par semaine, moins de jours de congé, augmentation du temps de travail. Voici ce que le gouvernement a repris de la liste des souhaits du patronat. Épouvantable. Ce qu’ils considèrent comme une modernisation est en réalité un retour en arrière aux temps de travail qui a prévalu lors du dernier siècle», s’indigne la présidente de l’OGBL.

Une grève générale n’est pas exclue

En résumé, la politique menée par le gouvernement serait «inutile, incompréhensible, dégoûtante et inacceptable». «Messieurs Frieden, Delles et Mischo, notre revendication est sans équivoque : retirez ces projets de loi dirigés contre les salariés, lance Nora Back. Aussi longtemps que ces textes se trouveront encore sur la table, nous allons continuer à nous défendre. Ensemble, fortifiés et prêts à aller jusqu’au bout.» Comprenez entre les lignes : la menace d’une grève générale, lancée une première fois en décembre dernier, n’est pas levée.

Le front syndical uni ne va pas se limiter à défendre les acquis dans le domaine du droit du travail, mais compte aller plus loin et manifester, le 28 juin, pour maintenir un système des pensions «fort, public et solidaire» et l’index, pour une réforme fiscale équitable, pour la création renforcée de logements à prix abordable, pour la protection du climat, pour les droits de l’homme, contre l’extrême droite et pour la liberté de manifester.

Des cartes postales pour le Premier ministre

OGBL et LCGB ont lancé une nouvelle action, plutôt symbolique, pour continuer à mettre la pression sur le gouvernement afin qu’il rétropédale sur les réformes du droit du travail. Des cartes postales ont ainsi été distribuées, hier, lors des deux manifestations. Les militants sont appelés à les envoyer au Premier ministre, Luc Frieden, en y inscrivant ce qui leur tient à cœur par rapport à la politique menée par la majorité conservatrice-libérale. Des témoignages et revendications sont également les bienvenus. Ces cartes postales sont présentées comme complémentaires à la large mobilisation qui doit culminer dans la grande manifestation nationale, prévue le 28 juin prochain.

Présent jeudi, le Premier ministre, Luc Frieden, a cherché à échanger avec Nora Back et les membres du comité exécutif de l’OGBL.
Le conflit social n’a pas empêché que la bonne ambiance gagne la Fête du travail et des cultures, organisée pour la 19e fois par l’OGBL, à l’abbaye de Neumünster.