Si l’heure était à la fête pour le LCGB ce dimanche à Remich, le choix de signer l’accord tripartite, que le président a encore justifié lors de son discours, divise les militants.
Sous un grand soleil, plus de 2 000 personnes étaient rassemblées hier à Remich, sur les rives de Moselle, pour participer aux célébrations du 1er mai organisées par le LCGB, après deux ans sous une forme digitale. Une ambiance décontractée et festive qui contrastait avec la mobilisation de l’OGBL dans la capitale.
À la tribune, Patrick Dury, le président du syndicat qui compte désormais 45 000 membres et des délégués dans plus de 600 entreprises du pays, a livré un long discours dans lequel il a tenu à rappeler pourquoi le LCGB a fait le choix de signer l’accord tripartite, quitte à repousser l’index prévu en août.
«Le Luxembourg n’est pas une île. Il est tributaire des développements à l’échelle mondiale, la crise sanitaire et la guerre en Ukraine nous le rappellent», a-t-il ainsi asséné, face à la foule regroupée sous un large chapiteau.
«La hausse des prix de l’énergie, l’inflation, la pénurie de certains matériaux, sont autant de défis pour beaucoup d’entreprises, que ce soit dans l’industrie, la logistique ou la construction, alors même que d’autres secteurs, comme l’Horeca, n’ont pas encore surmonté les conséquences de la pandémie», a-t-il ajouté.
Un contexte jugé extrêmement néfaste pour l’emploi, que le président résume en une formule, maintes fois citée : «Patrons et salariés sont ici dans le même bateau. Si une partie des entreprises ne peut plus poursuivre ses activités, c’est le chômage qui attend ces travailleurs», pointe Patrick Dury, qui souligne que la tripartite constitue «un instrument de solidarité nationale» que le LCGB se refuse de mettre en danger «de manière irréfléchie et insensée». Filant la métaphore, il conclut : «Avec cet accord, le bateau reste à flot.»
«Un deuxième index n’aurait pas été de trop»
Du côté des adhérents, le choix de signer l’accord tripartite divise : pour Robert, ancien employé de la Poste aujourd’hui retraité, «il est évident qu’on ne peut pas se contenter de demander et demander encore. Une fois que la vache n’aura plus de lait, on fera quoi?», interroge-t-il.
«Les risques pour les emplois sont trop importants. La guerre est là, on n’y peut rien : il faut bien trouver des solutions. Reporter l’index était la chose à faire, ça ne fait aucun doute», analyse-t-il.
Mais Kevin, chef d’équipe en charge de la sécurité chez Lamesch à Bettembourg, voit les choses différemment. À 36 ans, ce père de cinq enfants, dont le salaire est le seul revenu du ménage, a de plus en plus de mal à boucler les fins de mois : «Avec la hausse du carburant, même si les prix ont été baissés de 7,5 centimes, un deuxième index n’aurait pas été de trop», soupire ce frontalier qui enquille chaque jour près de 100 km.
Lui, aurait préféré que la tranche indiciaire d’août soit maintenue, coûte que coûte : «Même avec l’indexation de ce mois-ci, y compris les allocations familiales, c’est très juste, ça ne compense pas suffisamment», regrette-t-il, comme d’autres membres que nous avons rencontrés.
Pour autant, le président du syndicat chrétien-social assume pleinement, rappelant au sujet du comité tripartite qu’il s’agit d’un modèle «basé sur le principe du compromis».
Xavier Bettel en visite
Surprise, à l’heure du déjeuner : le Premier ministre fait une apparition, accueilli chaleureusement par les adhérents attablés, en plein apéro. À notre micro, il souligne que la décision du LCGB de signer l’accord était «difficile mais responsable», remerciant le président au passage pour ses efforts.
«Nous avons vécu ces derniers mois des moments difficiles, des tensions, et le LCGB a été un partenaire qui a voulu qu’on avance ensemble, même si ce n’était pas populaire», reconnaît-il, ajoutant qu’il était important pour lui de participer à ce 1er-Mai, glissant qu’il n’a pas reçu d’invitation de la part de l’OGBL cette année.