À l’occasion de la journée internationale pour l’Élimination de la pauvreté, qui aura lieu lundi, le Statec a présenté un rapport très détaillé intitulé «Travail et cohésion sociale» afin d’informer sur la situation et le risque de pauvreté au Grand-Duché.
Selon le Statec, près de 26 % des habitants du Luxembourg, soit une personne sur quatre, a connu un épisode de pauvreté entre 2012 et 2015. Une statistique assez importante en elle-même, bien que dans le détail, on peut constater que le risque de pauvreté est moins prononcé au Grand-Duché que dans d’autres pays européens.
Pour établir sa définition de la pauvreté, l’institut s’est principalement basé sur le «taux de risque de pauvreté» : il correspond à la part des personnes dont le niveau de vie est inférieur à 60 % du revenu disponible médian. Pour le Grand-Duché, ce seuil a été établi à 1 763 euros pour l’année 2015, soit une légère hausse par rapport à 2014 et son seuil à 1 716 euros. L’année dernière, ce sont donc 15,3 % des habitants qui (sur)vivaient sous ce seuil, contre 16,4 % en 2014.
La norme européenne, pour sa part, aboutit à un taux plus élevé : 18,5 % des personnes présenteraient selon cet indicateur un «taux de risque de pauvreté ou d’exclusion sociale». Le Statec explique également que les personnes les plus exposées au risque de pauvreté sont les familles monoparentales (44,9 %), les chômeurs (42,7 %), les étrangers (22,3 %), les personnes de moins de 18 ans (21,5 %) et enfin les personnes faiblement qualifiées (19,2 %).
35 % de revenu en plus dans le public
Le Statec s’est également posé la question de savoir s’il était difficile d’enrayer la spirale de la pauvreté en regardant le taux de risque de pauvreté persistante, c’est-à-dire la part de la population qui était en situation de pauvreté l’année dernière et au moins deux fois au cours de la période entre 2012 et 2014. Résultat édifiant pour un pays riche comme le Luxembourg, 12 % de la population est durablement en situation de risque de pauvreté. Petite note d’optimisme, le Statec souligne que «6 % des personnes qui n’était pas en risque de pauvreté en 2012 ont chuté dans la pauvreté en 2015, alors que 28 % de celles qui étaient en risque de pauvreté en sont sorties».
Généralement, s’il y a des «pauvres» d’un côté, on retrouve obligatoirement des «riches» de l’autre. Là encore, le Statec a cherché un moyen de mesurer les inégalités sur le plan des revenus. Ainsi, sur la masse totale des revenus possédés en 2015, les 10 % des ménages les plus aisés ont reçu près de 23 % du total des revenus au Luxembourg, alors que les 10 % des ménages les moins aisés n’en ont reçu que 4 %. Ces inégalités sont très palpables. Un des chapitres du rapport du Statec met en évidence une différence de salaire de 35 % entre le secteur public (avec une moyenne de 77 203 euros par an) et le privé (avec une moyenne de 56 874 euros). Une grosse différence que le Statec tente de justifier par des facteurs ayant trait à la nationalité, la résidence, le type de poste, l’ancienneté et enfin le niveau d’éducation.
Un quart des ménages dans la difficulté
Il est également intéressant de constater que 26,5 % des ménages déclarent avoir des difficultés à joindre les deux bouts, notamment à cause de la charge financière en lien avec le logement, qui en moyenne atteint 44 % des revenus des ménages. Une charge qui impacte le quotidien des ménages en difficulté, puisque 42,5 % d’entre eux affirment ne pas partir en vacances loin du domicile, 8,5 %, ne pas pouvoir s’offrir tous les deux jours un repas à base de viande, et enfin 64,4 % ne peuvent pas faire face à des dépenses imprévues.
Pourtant, au niveau européen, le Luxembourg se classe à la sixième position des pays où il y a le moins de ménages en difficulté, derrière les pays nordiques, l’Allemagne et la Suisse. Autre point positif pour le pays, le Grand-Duché figure à la huitième place des pays où le chômage fait le moins de ravages. Autre indicateur, celui du pouvoir d’achat, qui s’est tassé depuis le début de la crise, mais qui s’est quelque peu redressé depuis 2015 en attendant les possibles bienfaits de l’application de la réforme fiscale dès le 1 er janvier 2017.
Jeremy Zabatta