Gilles Gerard, à la tête de Luxlait depuis mai 2018, revient sur l’histoire à succès de la coopérative laitière, fondée en 1894. La qualité des produits reste l’atout majeur pour continuer à grandir.
Luxlait fête cette année ses 125 ans d’existence. Selon vous, quel rôle joue la laiterie historique du Luxembourg dans la société? L’ancrage est-il toujours le même?
Les 125 ans d’existence représentent avant tout un énorme savoir-faire. Avec 125 ans d’expérience, on maîtrise forcément les techniques de production et la technologie laitière. Je dis souvent que Luxlait fait partie du patrimoine du Luxembourg. Depuis des décennies, nous distribuons du lait dans les écoles. Les gens grandissent avec nos produits. Une de nos forces est d’avoir développé sur 125 ans plus de 110 recettes et donc de produire aujourd’hui 110 produits différents : du lait blanc aux yaourts, en passant par les fromages de toutes sortes, le beurre, les crèmes et les glaces, qui sont déclinés sous 350 références. C’est par ailleurs très atypique d’être aussi diversifié sur un site de production.
Cette large gamme de produits est donc un atout pour se forger une place sur un marché dominé par de véritables géants du lait. Quelles sont les autres clés pour faire face?
La concurrence au Luxembourg est très importante, même plus importante que dans les pays limitrophes. On voit arriver des produits laitiers depuis l’Allemagne, la France ou la Belgique. Il faut donc se battre, mais pour moi, la plus grande force de Luxlait reste la grande qualité de ses produits ainsi que le fait d’être une entreprise locale proche de ses consommateurs. On est à la fois à l’écoute des grandes et moyennes surfaces ainsi que de tous nos distributeurs et surtout de nos clients, ce qui est très important dans un monde qui change très vite. Luxlait dispose également d’un service recherche & développement afin d’être toujours performant. En 2018, nous avons travaillé sur plus de 40 projets pour développer de nouveaux produits. L’innovation est essentielle et une des clés de cette réussite.
Dans quelle mesure les nouvelles installations, construites en 2009 à Roost, contribuent à assurer cette flexibilité?
L’usine a démarré il y a dix ans, mais elle reste une des plus modernes d’Europe. En effet, depuis son démarrage en 2009, plus de 13 millions d’euros ont été investis dans l’usine. L’amélioration continue des processus de production est indispensable si nous voulons continuer à rester performants et flexibles. Cette année, nous avons investi 4,5 millions d’euros dans une installation de concentration de lait. Un nouveau hall de stockage d’une capacité de 5 000 palettes vient également d’être construit pour un montant de 2,5 millions d’euros.
Luxlait reste une laiterie coopérative. Ce modèle est-il toujours viable?
Beaucoup de gens pensent qu’on est une société semi-étatique. Mais Luxlait appartient à 100 % à ses agriculteurs. Il est très important de le souligner. On est une association agricole qui a pour mission d’aider ses membres. Des vétérinaires, par exemple, œuvrent chaque jour afin d’assurer la meilleure qualité possible de notre matière première, le lait. La collecte se fait chaque jour. Le lait est stocké au maximum 24 heures dans les silos avant d’entrer dans le circuit de production. C’est important de maîtriser la technologie dans l’usine, mais il faut avant tout maîtriser la qualité de la matière première, car cela permet d’avoir des produits finis irréprochables. Pour moi, la coopérative est un excellent modèle économique, ce que nous gagnons est entièrement redistribué à nos membres.
Retrouvez le reste de l’interview par David Marques dans notre édition du lundi 1er juillet 2019.