Après un bénéfice historique de 728 millions d’euros en 2020, la compagnie luxembourgeoise de fret aérien annonce le chiffre astronomique de 1,2 milliard d’euros de bénéfice net pour 2021.
Alors que, portés par la crise sanitaire et la demande accrue en fret aérien, les résultats de Cargolux pour 2020 atteignaient déjà des sommets – 728 millions d’euros de bénéfice net, soit trois fois plus qu’en 2018, meilleure année jusque là – la compagnie luxembourgeoise annonce un bénéfice net de 1,2 milliard d’euros pour 2021, en hausse de 68% par rapport à l’exercice précédent.
Un nouveau record qui s’explique à la fois par une demande en hausse de 20%, une augmentation du tonnage, et aussi la reprise de l’activité dans certains marchés comme les pays d’Afrique.
Des avions remplis à ras bord
«Nous avons réussi à remplir davantage nos 30 avions par rapport à 2020, ce qui a généré une hausse de 12% des tonnes vendues aux clients, et ce à un prix 25% plus élevé», détaille Maxim Straus, directeur financier de Cargolux. «Même si les coûts de carburant ont un peu augmenté l’année dernière, ces revenus supplémentaires nous ont permis de quasiment doubler notre bénéfice.»
Sur un plan purement opérationnel, le directeur général Richard Forson, en poste depuis 2016, souligne que 2021 s’est révélée plus difficile encore que 2020 pour Cargolux, entre les différentes mesures de quarantaine en vigueur dans les 75 pays régulièrement desservis, des équipages confinés à l’hôtel, un manque de personnel et d’infrastructures, en particulier aux États-Unis, le tout aggravé par des entrepôts prêts à déborder et une pénurie de transport par camion.
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C’est, en millions d’euros, la contribution totale de Cargolux à l’économie luxembourgeoise en 2021 : ce chiffre prend notamment en compte les salaires et avantages des employés, la gestion et l’expédition, le transport par camions, les taxes et la sécurité sociale, et les biens et services (IT, administration, assurances, services juridiques, carburant, etc.) Les équipes à Luxembourg ont été renforcées l’an dernier pour atteindre désormais 1 830 collaborateurs sur les 2 500 que compte le groupe.
Le blocage du canal de Suez favorise le fret
Dans ce contexte, l’épisode du blocage du canal de Suez par un bateau cargo en mars 2021, qui a poussé de nombreux clients à se tourner vers le fret aérien pour leurs expéditions, a représenté un défi de taille, mais aussi assuré d’importants volumes sur tout le reste de l’année, contribuant aux résultats exceptionnels annoncés hier, et plaçant la compagnie à la cinquième place mondiale.
Enfin, alors que les vols avec passagers étaient cloués au sol, Cargolux a pu récupérer les 5% de fret placés en soute en temps normal.
«Des incertitudes majeures» en 2022
Pour 2022, Richard Forson évoque cependant «des incertitudes majeures» alors que les chaînes d’approvisionnement mondiales sont plus que jamais sous pression, et que les fermetures de frontières, confinements et restrictions sanitaires sont toujours répandus hors UE, en particulier en Asie. La stratégie «zéro Covid» de la Chine a ainsi entraîné la suspension des vols vers Shanghai, et d’autres hubs de fret imposent maintenant des restrictions à l’importation.
Du côté de l’Europe, les tensions géopolitiques internationales liées à la guerre en Ukraine ont également un impact négatif : les sanctions imposées à la Russie et la mise à l’arrêt des transporteurs russes réduisent encore la capacité disponible tout en augmentant les coûts pour les compagnies aériennes, contraintes d’éviter l’espace aérien russe, alors que les prix du carburant s’envolent.
Développer l’alternative au kérosène
Face aux mesures annoncées en 2021 par l’UE pour atteindre une réduction de 55% des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 et la neutralité carbone d’ici 2050, le directeur général de Cargolux se dit conscient du rôle majeur des compagnies aériennes opérant des vols long-courriers dans le changement climatique et annonce un investissement de 100 millions de dollars ces prochaines années pour développer davantage le SAF, ce biocarburant alternatif au kérosène encore très peu disponible sur le marché, que Cargolux a déjà commencé à utiliser.
La compagnie a par ailleurs atteint sa meilleure performance carbone en 2021, avec une baisse de 7% par rapport à 2019. Des efforts qui ne devront pas se faire au détriment de la compétitivité des compagnies européennes par rapport aux autres, insiste Richard Forson.