Manuel Valls va déclarer sa candidature à l’élection présidentielle française, lundi en fin d’après-midi au terme d’une probable ultime journée comme Premier ministre de François Hollande, quatre jours après le renoncement du chef de l’Etat à briguer un second mandat.
Le Premier ministre s’exprimera lundi à 18h30 depuis la mairie d’Evry, son fief électoral, a fait savoir Matignon dès les premières heures de la journée lundi matin. Son entourage a confirmé que Manuel Valls annoncerait bien à cette occasion sa candidature à la primaire initiée par le PS, qui ne faisait plus de doute depuis l’annonce du président.
Une semaine pile après un déjeuner à haute tension et quatre jours après le renoncement présidentiel, François Hollande et Manuel Valls se retrouveront pour déjeuner à 13 heures à l’Elysée.
Pour l’entourage de Manuel Valls, nommé à Matignon en mars 2014, sa démission ne fait guère de doute: « J’imagine mal, connaissant le Premier ministre, qu’il puisse considérer que, quand on a des responsabilités de très haut niveau, on puisse cumuler la casquette de candidat à l’élection présidentielle et celle de Premier ministre ».
Les deux têtes de l’exécutif auront en tout cas à coeur de ne pas donner une image de précipitation, notamment dans un contexte de menace terroriste élevée. Mais « quelle que soit la décision prise par le Premier ministre, il s’agit de rebâtir rapidement un dispositif gouvernemental opérationnel », indiquait dimanche soir un proche du président.
Conséquence de cette démission: l’état d’urgence post-attentats, en vigueur depuis le 13 novembre 2015 et qui doit être prolongé en principe jusqu’à la présidentielle, s’arrêtera quinze jours après le départ du Premier ministre. Le président de la République peut cependant à tout moment décréter de nouveau l’état d’urgence pour 12 jours, et le Parlement prolonger au-delà la mise en oeuvre de ce régime.
Une primaire pas jouée
Parmi les noms circulant pour succéder à Manuel Valls, ceux des ministres Bernard Cazeneuve (Intérieur), Jean-Yves Le Drian (Défense), Stéphane Le Foll (Agriculture), Marisol Touraine (Santé) ou Najat Vallaud-Belkacem (Education).
Pour Matignon, « je ne dis pas non ». « Mais ce n’est pas moi qui décide », a déclaré lundi matin le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll.
Ce proche de François Hollande entend en revanche prendre « du temps » et « du recul » avant de soutenir un candidat dans la primaire (22-29 janvier), sorte de prise de distance avec Manuel Valls. Il a par ailleurs refusé de dire s’il en soutiendrait le vainqueur, renvoyant à l’appel d’Arnaud Montebourg aux électeurs de droite pour faire battre François Hollande, avant le renoncement du président.
Un conseiller d’un poids lourd gouvernemental tablait dimanche sur M. Cazeneuve, ne voyant « pas d’alternative ». Une autre source gouvernementale ne voyait « que Cazeneuve ou Le Drian », avec un avantage au second qui pourrait plus facilement « cumuler » sa casquette actuelle avec Matignon.
Sa liberté retrouvée, Manuel Valls s’attellera à entrer dans ses habits de candidat, avec le souci sans doute de continuer d’atténuer les aspects les plus clivants de son discours, et d’obtenir de nouveaux ralliements.
« Il faut que Manuel Valls mute sur un certain nombre de choses », a convenu samedi un de ses soutiens, le député Philippe Doucet.
« Je lui conseille amicalement d’être sur une position nouvelle de rassemblement (…) Il faut être soi-même mais offrir une nouvelle perspective », a déclaré dimanche le Premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis, assurant par ailleurs qu’il ne prendrait pas parti entre les candidats.
Pour le Premier ministre, dont les prises de position hostiles aux 35 heures ou à l’ISF (impôt sur la fortune) ne manqueront pas d’être exhumées, la partie n’est pas jouée – elle sera même « difficile », pronostique Gilles Finchelstein, directeur général de la fondation Jean-Jaurès (proche du PS).
« Ce qu’on peut reprocher à Manuel Valls, c’est d’avoir théorisé les gauches irréconciliables ». Il lui sera donc « très difficile de rassembler l’ensemble des gauches », a jugé lundi matin l’ancien ministre Arnaud Montebourg.
Le Quotidien / AFP