Le conflit israélo-palestinien, les restrictions israéliennes et les querelles intestines ont sapé le développement de l’économie palestinienne dans des proportions variant selon les estimations de 37 à 130% de perte de PIB par habitant, a rapporté le FMI mercredi.
« Sans les incertitudes politiques et les restrictions des 20 dernières années », le produit intérieur brut réel par habitant aurait été de 37%, 83% ou 130% plus élevé, selon trois estimations établies en fonction de facteurs distincts, dit le Fonds monétaire international dans un rapport. Ce rapport va dans le sens d’un autre, publié cette semaine par le CNUCED (Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement), selon lequel l’économie palestinienne serait « au moins deux fois plus importante sans l’occupation israélienne ».
La Cisjordanie est occupée par l’armée israélienne qui en contrôle tous les accès. La bande de Gaza, séparée géographiquement de la Cisjordanie par Israël, est soumise à un blocus israélien dirigé contre le Hamas islamiste qui gouverne l’enclave palestinienne. L’économie palestinienne est profondément dépendante d’Israël et de l’aide internationale.
Le FMI en dresse un tableau sombre. « L’économie palestinienne continue d’affronter de forts vents contraires, les risques sécuritaires et les espoirs de paix qui s’estompent (avec les Israéliens) pèsent lourdement sur les perspectives de croissance », dit le FMI.
Le Fonds cite « les restrictions israéliennes et l’expansion continue de la colonisation » mais aussi la prise du pouvoir par le Hamas à Gaza, qui freine la reconstruction, et l’absence de réconciliation entre les factions rivales palestiniennes. « Une percée dans le processus de paix étant improbable », le FMI table sur une croissance de 3,3 en 2016 (2,7% en Cisjordanie et 5,5% à Gaza) et environ 3,5% à moyen terme, « bien trop peu pour changer de manière significative la donne du chômage et améliorer les conditions de vie ». Fin juin, 26,9% de la population active était au chômage, environ 2% de plus qu’un an plus tôt. Rien qu’à Gaza, le chômage dépassait 40% et affectait près des deux tiers des jeunes, dit le FMI.
Le FMI s’inquiète d’un « cercle vicieux » dans lequel l’apathie économique augmenterait les tensions sociales et sécuritaires tandis que des « risques importants » peuvent remettre en cause les prévisions de croissance. Parmi les dangers, le FMI évoque une escalade de la violence, une poursuite de la baisse de l’aide internationale, une dérive des dépenses publiques, et une remise en cause des relations interbancaires israélo-palestiniennes.
Le FMI juge probable un déclin encore plus fort de l’aide internationale, alors que le soutien des donateurs est déjà à l’heure actuelle en baisse de 25% sur un an, après avoir diminué d’un tiers en 2015. La priorité des autorités palestiniennes doit aller à soulager les pressions dues à un déficit de financement attendu d’au moins 500 millions de dollars, à contenir les dépenses et à poursuivre les réformes financières structurelles, dit le FMI.
Le Quotidien / AFP