Coup sur coup à la fin du mois d’août, la police écossaise et la gendarmerie royale canadienne ont annoncé qu’elles autorisaient le port du hijab (voile) dans leurs rangs. Une telle mesure est bien évidemment impensable en France où même le port du voile sur une plage peut être source de graves ennuis.
Cet exemple illustre l’opposition entre deux modèles que l’on pourrait – d’une manière simpliste – qualifier de communautariste et d’universaliste. Le modèle communautariste part de la réalité, constate que les citoyens sont issus d’origines variées et tentent d’intégrer ces différences dans le fonctionnement global de la société. L’argument principal contre ce modèle est qu’il renforce la séparation entre communautés et qu’il enferme le citoyen dans son ethnie ou sa religion d’origine.
Mais le modèle universaliste français est lui une négation totale de la réalité. Il se base sur des principes abstraits déconnectés de la vie de tous les jours. Le citoyen est alors une construction intellectuelle qui n’existe simplement pas. L’idée est que quelle que soit son origine, quelle que soit sa confession, le citoyen doit les oublier pour aboutir à une assimilation totale au modèle républicain, qui correspond en fait à celui d’un homme blanc de culture chrétienne, un modèle certes majoritaire, mais qui ne saurait embrasser l’ensemble de la société. On ne peut pas demander à un immigré ou à un enfant d’immigré d’oublier complètement sa culture d’origine car elle est partie intégrante de sa construction psychologique et sociale.
Il s’agit là d’un mal bien français que de préférer les principes au réel. Un autre exemple en est l’école. Politiciens et pseudo-intellectuels ne cessent de mettre en garde contre la destruction de l’école républicaine. Ces individus sont restés bloqués à l’école gratuite et obligatoire pour tous de Jules Ferry à la fin du XIXe qui fut un réel outil d’émancipation et d’éducation des masses. Mais nous sommes en 2016 et les fameuses études PISA démontrent que le système scolaire français est l’un des plus inégalitaires des pays riches. Ces personnes défendent donc bec et ongles un modèle qui est un échec.
Nicolas Klein (nklein@lequotidien.lu)