Angela Merkel a reconnu lundi sa responsabilité au lendemain d’une l’humiliante défaite électorale de son parti, vaincu par une droite populiste qui a fait campagne contre la politique d’ouverture aux réfugiés de la chancelière.
Tout en se disant convaincue que sa décision d’ouvrir l’Allemagne à un million de demandeurs d’asile en 2015 était « la bonne », Angela Merkel a admis être « aussi responsable » de la débâcle des siens en Mecklembourg-Poméranie occidentale, un État régional d’ex-RDA communiste dont elle est élue.
« Tous doivent désormais réfléchir à ce qu’on peut faire pour regagner la confiance (des Allemands) et naturellement, moi la première », a-t-elle concédé, alors que les législatives de l’automne 2017 approchent. Au sujet des réfugiés, « le thème de l’intégration et de la reconduite de ceux qui n’ont pas d’autorisation de séjour chez nous vont jouer un rôle important », a-t-elle observé, en marge du sommet du G20 en Chine.
En surfant sur les agressions sexuelles de masse attribuées à des migrants au Nouvel an et deux attentats en juillet revendiquées par les jihadistes du groupe État islamique, les populistes de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) ont célébré un score retentissant dans le Mecklembourg. Avec 20,8%, ils arrivent derrière les sociaux-démocrates (30,6%) mais s’imposent à la deuxième place devant l’Union chrétienne-démocrate (CDU) d’Angela Merkel à 19%, une première dans de telles élections régionales. Le mouvement politique fortifie du coup son assise à un an des législatives avec cette percée très symbolique dans le fief électoral de la chancelière, qui avait personnellement fait campagne.
La presse voit venir la fin de l’ère Merkel
« Notre pays connaît une rupture politique, et ce n’est pas trop que de dire que cela a une dimension historique », s’est félicité un dirigeant de l’AfD, Jörg Meuthen. Les alliés bavarois (CSU) de la dirigeante allemande conservatrice, en opposition frontale depuis des mois à sa politique d’immigration, sont repartis à l’assaut. Ils réclament plus que jamais « un plafond » annuel de réfugiés autorisés à venir en Allemagne, qu’a à nouveau refusé la CDU.
La presse tire elle la sonnette d’alarme face à la montée de la droite populiste en Allemagne, un phénomène d’une ampleur inconnue depuis 1945. « C’était plus qu’une petite élection régionale, c’était une élection sur Merkel : une tempête protestataire dans le nord-est a emporté la CDU qui a glissé derrière l’AfD. Une débâcle pour la chancelière », estime l’hebdomadaire de référence Der Spiegel sur son site.
Le quotidien le plus lu du pays, Bild, s’interroge lui sur le nombre « de gifles que Merkel peut encore supporter ». L’AfD est désormais représentée dans neuf des 16 parlements régionaux trois ans après sa fondation. Le parti a bousculé le jeu politique avec un discours anti-migrants, mais aussi par son rejet du bipartisme et des élites conservatrices et sociales-démocrates qui alternent ou se partagent le pouvoir depuis 70 ans.