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Bure : le point sur le projet de centre Cigéo d’enfouissement des déchets nucléaires


Manifestation anti-Cigéo à Bure, le 14 août dernier. (photo AFP)

Objet de vives contestations cet été, le projet Cigéo d’enfouissement des déchets nucléaires en Meuse et Haute-Marne est pourtant déjà bien ficelé. Présentation.

Le site de stockage profond des déchets nucléaires hautement radioactifs qui doit être implanté près de Bure, en Meuse, n’en finit pas de faire couler de l’encre. Cet été encore, il a fait l’objet de contestations et de manifestations. Le point sur ce projet hors norme pour lequel, depuis plus de 20 ans, des recherches scientifiques sont menées dans un laboratoire souterrain.

Le principe du stockage profond des déchets nucléaires français hautement radioactifs a été retenu par la loi de 2006. Baptisé Cigéo (Centre industriel de stockage géologique), le futur site sera implanté aux confins de la Meuse et de la Haute-Marne, entre Bure, Mandres-en-Barrois et Saudron.

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Pourquoi là?

Pour l’Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs), chargée du projet, cette implantation est guidée par les qualités du sous-sol. Les recherches scientifiques menées depuis le début des années 2000, notamment via le laboratoire souterrain de Bure, lui font dire que l’argile meusienne du Callovo-Oxfordien, situé à 500 mètres sous terre, présente des caractéristiques très favorables de stockage.

Quels déchets vont y être stockés?

Cigéo doit accueillir les déchets hautement radioactifs, à très longue durée de vie. Il s’agit de deux types de déchets. Ceux de haute activité (HA) proviennent essentiellement du retraitement de combustibles usés. Ces 56 000 colis représentent en volume 0,2 % de l’ensemble des déchets mais concentrent à eux seuls 98 % de la radioactivité.

Les 176 000 colis de moyenne activité à vie longue (MAVL) sont essentiellement des éléments métalliques (gaines, coques, embouts…) issus des structures entourant les combustibles. 30 % des déchets HA et 60 % des MAVL sont déjà produits et entreposés provisoirement.

Quand pourront démarrer les travaux?

L’Andra a jusqu’à 2018 pour travailler sur son avant-projet détaillé, la demande d’autorisation de création du site devant être déposée à cette date. L’instruction prendra trois ans pour un décret d’autorisation prévu en 2021. La construction de la première tranche pourra alors démarrer. La phase industrielle pilote débutera en 2025 par le stockage de colis factices. L’autorisation de mise en service avec l’arrivée des premiers colis nucléaires est programmée pour 2030.

Combien ça va coûter?

La durée de fonctionnement prévue pour Cigéo est de 150 ans. Difficile dans ces conditions d’en estimer le coût. Le ministère chargé de l’Énergie a tranché en janvier 2016 en arrêtant le chiffre de 25 milliards d’euros. L’Andra avait estimé qu’il en faudrait dix de plus.

Qui va payer?

Sur le principe du pollueur-payeur, le coût sera intégralement pris en charge par les exploitants nucléaires (EDF, le CEA et Areva) par un système de provisions.

D’où viennent les déchets?

Tous les déchets stockés à Cigéo proviendront du territoire français. Ils auront été produits à plus de 60 % par l’industrie électronucléaire, à 23 % par des activités de recherche et à 14 % par le secteur de la Défense.

Quels aménagements seront nécessaires?

Outre la voie ferrée (lire ci-dessous), le réseau routier va aussi être aménagé pour permettre l’acheminement du personnel, du matériel et des matériaux. Un poste électrique au pied de la ligne très haute tension de 400 000 volts devra aussi être créé. Tout comme un exutoire pour des effluents liquides afin d’alimenter le site en eau.

Philippe Marque (Le Républicain lorrain)

Le chantier de la voie ferrée

La très grande majorité des déchets nucléaires arrivera par voie ferroviaire depuis les sites de La Hague (Manche), Marcoule (Gard), Bugey (Ain) et Cadarache (Bouches-du-Rhône). L’Andra annonce une fréquence de cinq trains par an au démarrage, puis dix à 20  trains par an jusqu’en 2036 et enfin environ 60  trains par an entre 2050 et 2060 soit une moyenne de cinq trains par mois pendant l’exploitation courante.

Environ 14  kilomètres de voie ferrée devront être créés entre Gondrecourt-le-Château et le site. Cela constituera l’un des plus grands chantiers de surface du projet. À cela s’ajoute la connexion à la ligne Paris-Strasbourg via une ligne du réseau ferré national à voie unique de 36  km, entre Gondrecourt et Nançois-Troville, qu’il faudra renforcer.