À Florange, les conflits de voisinage sont courants. L’un d’entre eux concerne une dame d’un certain âge, coupable selon sa voisine de vider des bouteilles d’urine par sa fenêtre. Juste de l’autre côté du grillage qui les sépare…
Excédée, fatiguée, scandalisée… Les mots ne manquent pas pour décrire Michelle Silvestrucci. Voilà six ans que cette Florangeoise entretient des rapports pour le moins houleux avec sa voisine. Cette dernière, une dame de 83 ans en perte d’autonomie, habite seule la petite maison mitoyenne, louée par Batigère. Michelle, quant à elle, est propriétaire.
Tache noirâtre au sol
Les deux femmes sont voisines depuis cinquante ans. Et de guéguerre il n’en a pas toujours été question. Mais les aléas de la vie et les années qui passent ont sérieusement ébranlé une quiétude qui appartient désormais au passé.
Michelle se dit aujourd’hui désemparée. Dans son jardin et son potager prolifèrent ronces et autre lierre, à la fois inesthétiques et nuisibles pour ses salades. La faute au terrain en friche de l’autre côté de la clôture, laissé à l’abandon par sa voisine. Mais il y a pire…
Cette dernière s’adonne régulièrement à une drôle de pratique : chaque jour ou presque, elle déverse des bouteilles d’urine depuis sa fenêtre, située à deux mètres à peine de la porte d’entrée de Michelle, à l’avant de la maison. Son rosier a d’ailleurs, depuis, perdu de sa superbe. L’urine n’étant pas connue comme un engrais de premier choix. Au sol, une tache noirâtre a fini par se dessiner. Quant à l’odeur…
« Cette puanteur… Apparemment, ses toilettes étaient cassées mais elles ont été réparées depuis, s’indigne Michelle. Je ne sais plus comment faire. »
À toutes fins utiles, elle a taillé le liseron qui grimpait sur sa clôture pour le présenter, en guise de preuve, à l’agent du CCAS en charge de l’affaire. Elle a même songé à réclamer le prélèvement d’un échantillon d’urine. « Je vais finir par m’enchaîner ! » , plaisante-t-elle à moitié.
Silence radio chez la voisine
De l’autre côté du mur, la voisine se terre dans le silence. Et n’ouvre que ponctuellement sa porte aux agents du CCAS qui lui portent le repas. Ses volets restent fermés toute la journée. La maison semble à l’abandon.
La mairie, via le CCAS, a bien été alertée, mais son rayon d’action est limité. La police municipale est déjà intervenue et une conciliation avec un médiateur de la République est prévue afin de régler le litige à l’amiable.
Même constat du côté du bailleur social, Batigère. L’an dernier, des agents ont élagué les ronces qui débordaient sur le trottoir. Mais rien de plus. Car sans accord de la locataire, rien n’est faisable nous dit-on : « La charge des espaces verts revient à la locataire. Des courriers lui ont été adressés en ce sens. Mais on atteint les limites du système car cette dame refuse toute aide et tout soutien. »
Pour intervenir dans le jardin, le bailleur doit nécessairement obtenir la signature du devis par le locataire. « Ce qui n’est pas forcément simple à obtenir lorsque les portes sont fermées. »
En attendant, Michelle se désespère. Seul lot de consolation : elle n’a pas planté de salades à proximité de son rosier…