Division Nationale (14e Journée) – Le capitaine de la Jeunesse, Marc Oberweis, reste au marquage de ses coéquipiers pour la reprise. Il sent son club à un tournant.
Marc Oberweis, le capitaine de la Jeunesse, n’est pas redescendu en pression depuis son coup de sang de la fin d’année. (Photo : Julien Garroy)
Il avait violemment éclaté lors de la dernière rencontre de la saison passée. La température est un peu retombée, mais le portier eschois maintient la pression avant la reprise.
> Lors du dernier match de l’année 2014 de la Jeunesse, une élimination en Coupe à Hamm, vous aviez dit leurs quatre vérités à vos coéquipiers de façon très crue. Cela a-t-il eu l’effet escompté ?
Marc Oberweis : Oui, parce qu’on en a rediscuté par après et que j’ai l’impression que tout le monde a compris. Mais comme la trêve est longue, ça a pu se perdre… Il est donc bien que le coach et le président aient, de leur côté, indiqué que ces comportements laxistes ne seraient plus tolérés. Ceux qui n’ont pas envie seront mis à l’écart très prochainement. Le message est passé.
> Avez-vous reçu des critiques pour avoir parlé en dehors du vestiaire ?
Non. Du tout. J’ai même eu beaucoup d’échos positifs. Après quatre semaines de merde, il était temps de l’ouvrir. Si j’avais dit ces vérités au seul vestiaire, cela n’aurait pas eu le même impact. Au moins, là, c’est resté dans les esprits. Et si je ne l’avais pas ouvert le lendemain à l’entraînement, on aurait pu me reprocher de parler dans le dos des autres, mais là, j’ai repris le même discours. Mais cette fois, en donnant les noms de ceux à qui je pensais.
> Cela n’aurait-il pas dû être fait bien plus tôt et par d’autres que vous. On pense au staff technique ou aux dirigeants notamment…
C’est toujours difficile de choisir le bon moment pour critiquer une équipe. Surtout quand il reste beaucoup de matches. Pour le bien de l’équipe, il ne faut pas taper dessus tout le temps. Moi, de mon côté, j’ai préféré attendre le dernier match, qui était d’ailleurs catastrophique. Ça a été un sommet. C’est pour ça, aussi, que j’ai choisi ce moment. Si on avait battu Hamm, ce serait resté en interne, mais là, avec la frustration, j’ai pété un plomb. Ce n’était pas calculé.
> Mais on en revient à cette question : n’aurait-il pas fallu dire ces choses plus tôt. Car la Jeunesse aura désormais beaucoup de mal à accrocher une place européenne avec 6 points pris sur 18 durant l’automne…
Si on crée une forme d’euphorie très tôt, cela peut bien se passer. On n’a pas perdu contre les quatre autres grands (quatre nuls face aux Fola, FCD03, Progrès et F91), mais notre groupe est très jeune. Je ne veux pas être optimiste, je suis depuis trop longtemps dans le foot. Mais je vais être réaliste et vous dire qu’on fera le point après trois matches. On verra bien, alors, si ce qu’il s’est dit avant les vacances a servi à quelque chose. Cela dit, je n’ignore pas qu’il y a aussi le risque qu’on débute mal et que tout parte en couille (sic).
> Ne pas être européen alors que le club a dû lâcher 125 000 euros en indemnités de formation à deux clubs portugais (exclusivité Le Quotidien du 17 février) cette semaine, ce serait dramatique ?
C’est une question à poser au président, je ne connais pas les chiffres. Mais tout le club est dans une situation difficile à cause de cette histoire. Les gens du comité font un gros boulot et si derrière, nos résultats ne suivent pas et que l’état d’esprit reste le même, eux aussi pourraient péter les plombs. Oui, si les résultats ne suivent pas, cela se passera mal pour tout le monde. Le pire serait que le club se divise et moi, je ne veux pas avoir à vivre ça. Donc, ce serait bien de finir européen. Cela nous faciliterait les choses.
> Compte tenu de ces obligations, recruter cet hiver deux très jeunes joueurs, Aydine Correia, qui n’a plus joué depuis un an, et Fabio Tonini, qui revient de six mois sans jouer, pour révolutionner un peu le jeu offensif, n’est-ce pas un pari osé, même s’ils sont pétris de talent ?
Je ne vais pas parler du recrutement. Ce n’est pas à moi de juger. En fonction de ce que cela donnera, tout le monde prendra ses responsabilités.
> Cela vaut-il aussi pour le cas Sanel Ibrahimovic, qui a indiqué dans ces colonnes qu’il attendrait de voir ce que la Jeunesse est capable de faire sportivement dans cette deuxième partie de saison, avant de voir s’il souhaite prolonger ?
Sans lui, ces trois dernières saisons, la Jeunesse aurait certainement eu moins de points. J’aimerais qu’il reste, mais je comprends aussi son besoin de penser à la prochaine étape et son envie de gagner des titres.
> Le club aurait-il dû le prolonger plus tôt ?
Ça non plus, ce n’est pas à moi de le dire. Je ne décide pas de notre politique sportive, mais il n’est pas exclu que rien ne lui ait été proposé plus tôt justement à cause de l’incertitude financière planant autour de ces indemnités de formation. Et il n’est pas dit non plus que lui ait répondu favorablement à une offre de prolongation il y a un an. S’il part, il faudra reconstruire. Mais il y avait une Jeunesse avant Ibrahimovic et il y en aura une après lui…
Entretien avec notre journaliste Julien Mollereau