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Thionville : une vendeuse licenciée chez Sephora saisit les prud’hommes


illustration AFP

Une jeune salariée de la parfumerie Sephora zone du Linkling à Thionville conteste son licenciement pour faute grave qui lui a été signifié en décembre dernier. Elle assigne son ex-employeur devant le conseil des prud’hommes.

Marie (prénom modifié) était vendeuse chez Sephora, dans une galerie marchande zone du Linkling à Thionville, depuis plusieurs années. La jeune femme, âgée de 24 ans, est désormais au chômage, licenciée pour faute grave en décembre dernier. « Le magasin lui reproche le vol d’un soin d’une valeur de 163 euros qu’elle aurait mis dans le sac d’une cliente », synthétise l’avocat de Marie, Me Stéphane Ripoll. Un vol que la vendeuse limogée conteste fermement. « Elle n’a fait que donner un échantillon, comme ça se fait dans toutes les parfumeries », ajoute Me Ripoll. Et selon Marie, l’affaire a pris une tournure démesurée.

Avant de la licencier, le magasin a tout d’abord déposé plainte pour vol. « Des policiers en civil, avec un brassard, sont venus me chercher sur mon lieu de travail. Ils m’ont demandé de tout poser pour partir avec eux, j’ai traversé le magasin devant mes collègues et des clientes. C’est une expérience traumatisante », raconte la jeune femme au casier judiciaire vierge. Elle a été placée en garde à vue. « J’ai passé la nuit en cellule, j’ai été auditionnée. »

« Ma cliente risque d’être poursuivie sur le plan pénal pour ce prétendu vol qu’elle nie », relève Me Ripoll. Certes Marie reconnaît que sa relation avec la responsable de magasin était conflictuelle, que plusieurs avertissements lui ont été notifiés avant d’être licenciée. « Mais j’ai contesté le dernier en novembre », rappelle-t-elle, persuadée que le but était de l’évincer.

Évaluer le préjudice

Le litige professionnel qui oppose Marie à son ex-employeur sera porté devant le conseil des prud’hommes de Thionville, lors d’une audience prévue le 24 octobre. « Car la première phase de conciliation n’a pas abouti », souligne l’avocat de l’ancienne vendeuse. Il compte obtenir la requalification du licenciement, démontrer que la faute grave n’est pas fondée. « Il s’agit pour moi d’un licenciement dépourvu de causes réelles et sérieuses. Bref, d’un licenciement abusif. Il n’y a pas de faute, ma cliente a exercé son travail avec loyauté. »

Cette requalification permettrait à la jeune femme de toucher des dommages et intérêts, « car la faute grave prive de certaines indemnités » , précise l’avocat thionvillois. Outre la perte de salaire, « le préjudice s’évalue également sur d’autres critères. Dans ce dossier, le volet psy a son importance », appuie-t-il.

Marie a d’ailleurs déposé plainte à son tour pour dénonciation calomnieuse, par un courrier envoyé au procureur de la République de Thionville. « Toute cette procédure est une atteinte à son honnêteté, sa probité. Ma cliente a perdu son honneur et son job », déplore son avocat.

Contactée, l’enseigne Sephora, visée dans ce dossier, n’a pas souhaité s’exprimer tant que l’affaire n’a pas été jugée. Marie, elle, veut aller jusqu’au bout. « Je fais ça pour éviter que cela ne recommence avec une autre collègue. »

Frédérique Thisse (Le Républicain Lorrain)