Selon un rapport publié hier, la pauvreté en Allemagne atteint actuellement son plus haut niveau depuis la réunification en 1990.
Selon le rapport, 43 % des familles monoparentales et presque 60 % des chômeurs sont classés comme pauvres, avec un revenu inférieur à 60 % du revenu médian. (Photo : AFP)
« Jamais la pauvreté n’a été aussi importante en Allemagne, jamais les clivages régionaux aussi profonds », a déclaré lors d’une conférence de presse à Berlin Ulrich Schneider, président de la très respectée « Paritätische Gesamtverband », fédération regroupant 10 000 associations du domaine social et de la santé.
Le rapport, baptisé la « République craquelée », évoque ainsi un taux de pauvreté « historiquement » élevé depuis la réunification de l’Allemagne en 1990, passant de 15 % en 2012 à 15,5 % en 2013 (12,1 millions de personnes en 2012, 12,5 millions en 2013, pour une population totale de 80 millions d’habitants).
Familles monoparentales, retraités et de nombreux mineurs sont les plus touchés, souligne le rapport, qui précise que 43 % des familles monoparentales et presque 60 % des chômeurs sont classés comme pauvres, avec un revenu inférieur à 60 % du revenu médian.
> Forte disparités entre les Länder
Ulrich Schneider a particulièrement insisté sur le cas des retraités, touché « depuis 2006 par la montée la plus rapide de la pauvreté », dénonçant aussi le « découplage total » entre les bons résultats de l’économie allemande et le développement de la pauvreté dans le pays.
L’Allemagne a surpris en révisant la semaine dernière à la hausse sa croissance 2014 à 1,6 %, grâce à un quatrième trimestre meilleur que prévu. Une bonne nouvelle, à peine quelques semaines avant que la BCE ne commence ses rachats massifs de dette publique annoncés en janvier.
Grâce à un marché du travail en grande forme, à la baisse des prix du pétrole et à la perte de vigueur de l’euro, la première économie européenne est parvenue en fin d’année à surmonter son coup de mou du printemps 2014. Dans ce contexte, la Banque centrale allemande a salué le dynamisme de l’économie allemande en fin d’année 2014 et laissé entrevoir qu’elle pourrait revoir à la hausse ses estimations de croissance pour cette année, actuellement évaluées à 1 %.
« Le fossé entre les Länder (États régionaux) les plus riches et les plus pauvres s’agrandit de plus en plus », s’est encore inquiété Ulrich Schneider.
Selon le rapport, la situation s’est dégradée dans 13 des 16 Länder : les villes-États de Brême et de Berlin ainsi que le Land de Mecklembourg-Poméranie antérieure, dans le nord du pays, sont les plus exposés à la pauvreté; à l’inverse, Bavière (sud) et Bade-Wurtemberg (sud-ouest) sont les moins frappés.
Hambourg (nord) et plusieurs secteurs de Rhénanie-du-Nord-Westphalie (ouest) ont connu une forte poussée de la pauvreté, dont le taux est resté stable, voire a légèrement reflué, en Saxe-Anhalt (centre), Brandebourg et Saxe (est).
La Paritätische Gesamtverband demande un relèvement des allocations sociales ainsi que des programmes destinés aux chômeurs de longue durée et aux mères célibataires.
Le Quotidien (avec AFP)