Bison Futé avait prévu des difficultés dans les deux sens des départs et des retours. Elles sont bien apparues, mais pas sur l’A31 sur laquelle le trafic ressemblait étrangement à un samedi normal.
Un pic de 688 km de bouchons cumulés sur le territoire samedi à 13h, encore plus de 300 km à 17h. Ah bon ? Mais oui, les juillettistes effondrés de rentrer à la maison croisaient les aoûtiens impatients de les remplacer. Ah bon ? Mais oui, ça s’appelle le chassé-croisé de l’été.
Mazette, ça doit se jouer bien ailleurs parce que dans le coin, pas un seul ralentissement sur l’A31 cette année entre Nancy, Metz, Thionville et le Luxembourg. « On est loin du compte », dit-on avec humour au PC de la CRS autoroutière Lorraine Alsace à Moulins-lès-Metz. Le trafic était de 2 500 véhicules/heure à 17h30 près du pont de Beauregard. Soit l’équivalent d’un samedi normal.
« Les capacités de l’A31 sont tout à fait acceptables et elles peuvent absorber le flot. Si ça coince, c’est en raison d’un accident », ajoute un cadre d’astreinte au CISGT (Centre d’Ingénierie, de Sécurité et de Gestion du Trafic) de la DIR Est. La quarantaine d’écrans installés à Moulins-lès-Metz n’a renvoyé aucune image de pépin capable de paralyser le trafic. Le foisonnement de caméras entre le sud de la Meurthe-et-Moselle a seulement enregistré une tendance : « Ça rentre plus à la maison que ça n’en part. J’ai plus de volume dans le sens Nancy-Luxembourg que l’inverse », observe l’interlocuteur de la CRS autoroutière.
« Ils ont annoncé trop noir, les gens se sont méfiés », dit-on sur le parking de l’aire de Saint-Rémy dans le sens nord sud. Il est aussi peu fréquenté que son opposé sur l’aire de La Maxe où personne ne fait la queue à la pompe.
Pourquoi finalement le « grand chassé-croisé » de l’été, si noir ailleurs, n’a même pas le gris d’une souris à Metz pourtant traversée par une des autoroutes les plus fréquentées du pays ? Parce que le sillon mosellan n’est pas le couloir rhodanien, parce que l’A31 n’est pas l’A10 qui file vers le sud ouest et le littoral Atlantique. Cette autoroute, dans sa traversée du département, n’est encore qu’un « affluent » des grands axes du sud, leur pourvoyeur en usagers d’Europe du nord. Lors de leur retour à la fin de leurs vacances, elle reste une voie tranquille qui ne supporte plus qu’un trafic dilué au fil de la remontée.
Les seuls conducteurs gênés samedi étaient les routiers, arrêtés depuis vendredi soir en prévision du week-end noir. À La Maxe comme à Saint-Rémy, les camions se comptaient plus nombreux sur le parking que les caravanes. Coincés, les chauffeurs étaient inscrits à l’école de la patience à l’image de ce conducteur moldave, assis sur le siège de son tracteur immatriculé en Roumanie, tractant une remorque belge et s’exprimant, au choix, en italien, en allemand ou en russe.
Un concentré de l’Europe géographique à lui tout seul, bloqué jusqu’à ce soir à quelques dizaines de kilomètres de Pompey, l’étape lorraine où il devait décharger une partie de sa cargaison avant de mettre le cap sur Zeebrugge, sa destination finale.
Frédéric Clausse (Le Républicain Lorrain)