Un ancien infirmier allemand, qui a admis avoir tué une trentaine de patients avec des injections létales, a demandé pardon jeudi lors de son procès aux proches des victimes, disant avoir voulu démontrer sa capacité à les ramener à la vie.
« Je suis vraiment désolé », a déclaré l’accusé devant le tribunal d’Oldenbourg où il est jugé depuis septembre pour les meurtres de trois patients et pour tentatives de meurtre sur deux autres malades, à qui il a injecté des surdoses médicamenteuses. (Photos : AFP)
Son procès avait connu un énorme rebondissement le 8 janvier avec le témoignage du psychiatre qui l’avait examiné : selon l’expert, l’ex-infirmier lui avait avoué une trentaine d’homicides par overdoses lorsqu’il était employé dans une clinique de Delmenhorst, près d’Oldenbourg. Selon le psychiatre, l’infirmier avait confié avoir administré des surdoses médicamenteuses à une soixantaine d’autres patients qui, eux, ont survécu. Les patients, gravement malades, étaient hospitalisés en soins intensifs.
> Pour tromper son ennui
Jeudi, pour sa première prise de parole devant le tribunal, Niels H. a expliqué que « la plupart du temps, la décision de (procéder à des injections) était relativement spontanée », selon des propos rapportés par l’agence allemande DPA. Les piqûres servaient à amener les patients au bord de la mort, afin de démontrer ensuite sa capacité à les ramener à la vie, a-t-il ajouté, invoquant comme autre motif « l’ennui ». Lorsqu’un patient revenait à la vie, il se sentait euphorique ; à l’inverse, il était dévasté à chaque décès, a-t-il expliqué. A chaque mort, il se promettait de ne jamais recommencer mais sa détermination s’émoussait invariablement, a-t-il confié, reconnaissant que de tels actes n’étaient pas excusables.
L’affaire avait débuté en 2005, lorsqu’il avait été surpris par une collègue au moment où il injectait à un patient un médicament pour le coeur. Trois ans plus tard, en 2008, il avait été condamné à sept ans et demi de prison pour tentative de meurtre. Il est incarcéré depuis. Pendant sa détention, il s’était vanté d’avoir tué une cinquantaine de patients, conduisant le Parquet d’Oldenbourg à rouvrir l’enquête. En novembre, une cellule spéciale d’enquêteurs baptisée « Kardio » a été constituée afin d’investiguer sur des décès suspects dans les établissements où l’accusé a travaillé.
Pour l’heure, on ignore pourquoi ces multiples homicides n’ont pas été décelés plus tôt. Une procédure a été déclenchée par le parquet général d’Oldenbourg contre deux procureurs précédemment chargés de l’enquête afin de déceler d’éventuelles négligences.
AFP