La troisième banque espagnole par capitalisation a très envie d’absorber la banque portugaise BPI : elle croit au potentiel de l’établissement qu’elle connaît bien.
« Cette transaction fait sens pour nous, nous connaissons très bien BPI », a déclaré Gonzalo Gortazar, PDG de CaixaBank. (Photos : AFP)
CaixaBank, déjà de loin le premier actionnaire de BPI avec 44,1 %, propose de racheter le reste du capital au prix de 1,329 euro par action, soit une prime de 27 % par rapport au cours de clôture de lundi, selon un communiqué. L’offre valorise l’ensemble de l’établissement bancaire portugais à 1,5 milliard d’euros.
« C’est la première fois que nous lançons une opération de prise de contrôle hors de nos frontières », a souligné son PDG, Gonzalo Gortazar, lors d’une conférence d’analystes.
Contrairement à ses concurrentes Banco Santander et BBVA, la banque catalane est essentiellement centrée sur le marché espagnol, hormis des participations en Autriche, à Hong Kong, au Mexique et en France dans Boursorama.
À la Bourse de Lisbonne, cette annonce a fait s’envoler le titre de BPI, suspendu quelques heures, de 25,70 % à 1,311 euro à 10h30, heure locale.
Le succès de l’opération est conditionné au fait que CaixaBank puisse avoir au moins 50 % du capital de son homologue portugaise et que soit supprimée une disposition limitant à 20 % les droits de vote d’un actionnaire unique. Cette mesure sera soumise au vote des actionnaires de BPI et CaixaBank espère que tout sera bouclé au deuxième trimestre de cette année. « Cette transaction fait sens pour nous, nous connaissons très bien BPI », étant actionnaire depuis 20 ans, a insisté Gonzalo Gortazar.
> Soutien de BPI
CaixaBank explique avoir le soutien de la direction actuelle de l’établissement portugais. Elle maintiendra BPI en bourse à l’issue de son offre et n’exclut pas de procéder à une augmentation de capital pour la financer.
L’opération aurait un impact relatif sur son résultat par action dès la première année. CaixaBank a presque doublé son bénéfice net en 2014, à 620 millions d’euros, profitant de la reprise économique en Espagne.
La banque espagnole affirme également que son objectif est de maintenir un ratio de fonds propres durs supérieur à 11 %, indicateur de sa capacité à faire face à une crise, pour continuer à figurer parmi les banques européennes les mieux capitalisées.
Elle promet aussi des bénéfices pour BPI, qui compte 1,7 million de clients et près de 6 000 employés au Portugal et 1,3 million de clients pour près de 2 500 salariés en Angola.
La banque portugaise a plongé dans le rouge l’an dernier, avec une perte nette de 162 millions d’euros, mais le PDG de CaixaBank s’est voulu confiant concernant ses perspectives dans un contexte de timide reprise économique en 2014 au Portugal, soumis à une sévère cure d’austérité depuis son sauvetage financier au printemps 2011.
CaixaBank chiffre les synergies possibles à 100 millions d’euros dès l’an prochain et à 130 millions d’euros en 2017.
BPI est elle-même candidate au rachat de Novo Banco, institution financière portugaise née l’été dernier du sauvetage de Banco Espirito Santo (BES). La Banque centrale portugaise a retenu 15 candidatures.
« C’est une opportunité [que la BPI] doi[t] examiner », a estimé le patron de CaixaBank.
La troisième banque espagnole par capitalisation a déjà racheté l’an dernier les activités de banque commerciale, de gestion de patrimoine et de banque d’entreprise de la britannique Barclays en Espagne, lui permettant de renforcer son réseau d’agences dans le pays, déjà le plus important devant ses concurrentes Banco Santander et BBVA avec près de 5 300 agences. Elle y compte 13,4 millions de clients et emploie plus de 31 200 personnes.
Le Quotidien (avec AFP)