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[Livre] L’histoire de la musique luxembourgeoise entre 1815 et 1950


Quatre universitaires se sont penchés sur l’histoire de la musique luxembourgeoise entre 1815 et 1950. Il en ressort un lexique «exhaustif» de 1 243 pages, aux nombreuses références.

Durant quatre ans, Ursula Anders-Malvetti, Alain Nitschké, Caroline Reuter et Damien Sagrillo (NDLR  : deux collaboratrices, un chargé de cours et un professeur affilés à l’université de Luxembourg) ont fouillé les archives pour concocter un pavé réunissant 176  musiciens et compositeurs nationaux, quelque 6  810  compositions et des annexes en pagaille. « C’est énorme! », soutient l’un d’eux, qui explique la genèse, l’aboutissement et l’hypothétique suite à Luxemburger Musikerlexikon .

Le Quotidien : Comment ce livre est-il né?

Damien Sagrillo  : C’est le résultat d’un projet de recherche sur l’histoire de la musique au Luxembourg, commencé en 2012. Rapidement, on s’est interrogés sur la forme à donner à ce travail, et il est apparu que le lexique, réunissant les interprètes et compositeurs, était la meilleure des solutions. D’où ce premier ouvrage, où l’on s’est intéressés au XIX e  siècle, une époque primordiale. Tous les musiciens réunis ici ont travaillé de 1815 à 1950. Ils sont nés au plus tard à l’issue de la Première Guerre mondiale.

490_0008_14626284_csm_1728_075bc0ac16En quoi cet ouvrage s’imposait-il?

Il n’y avait quasiment rien sur ce sujet. Certes, Léon Blasen et Guy Wagner ont tous deux publié une série sur les compositeurs du Luxembourg. Mais leur approche était populaire, et non scientifique. Ce qui n’est pas notre cas.

Où avez-vous cherché toutes les informations nécessaires à l’élaboration de cet ouvrage?

Un peu partout… Il y avait beaucoup de sources : la Bibliothèque nationale, notamment à travers

l' »eluxemburgensia », la publication en ligne des quotidiens luxembourgeois à partir du XIX e siècle jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, mais aussi les archives des chorales, des sociétés de musique et même de l’évêché, avec le grand nombre de musiciens-prêtres à l’époque. Sans oublier les démarches de personnes privées, qui sont venues à nous avec des informations… Bref, un vrai travail de fond. C’est pour ça qu’on a mis quatre ans à rassembler tout cela –  une année de plus que prévu.

L’histoire de la musique,

un facteur d’intégration

Parmi les musiciens et interprètes recensés, y en a-t-il de plus marquants, à l’influence majeure?

Oui, bien sûr, on trouve des compositeurs de premier rang, comme Laurent Menager (1835-1902), Jean-Antoine Zinnen (1827-1898), Edmond de la Fontaine (1823-1891), alias « Dicks », et bien d’autres…

Parmi cet ensemble, est-il possible de dégager une identité musicale luxembourgeoise?

(Il souffle) Ce n’est pas évident d’y répondre… Le but de cet ouvrage est, avant tout, d’énumérer, à travers leur bibliographie et leurs œuvres, les compositeurs grand-ducaux. Après, savoir s’il y a une identité commune à leur travail, c’est un peu trop tôt pour y répondre. C’est sûrement un second pas à faire…

Avez-vous toutefois un avis?

Je pense, personnellement, qu’il n’y a pas de styles, genres ou écoles luxembourgeoises. Il pouvait en être, mais dans des circonstances minimales, des épiphénomènes.

Y aura-t-il un second tome prévu, de 1950 jusqu’à nos jours?

Pas forcément jusqu’à nos jours. Il faut savoir que les critères seront différents. On aurait alors affaire à des personnalités toujours en vie, et il sera question de savoir avec quelle justesse apprécier leurs œuvres. Sans oublier que l’on dépasserait là le « simple » cadre de la musique classique, ce qui complique les choses. En somme, ça serait un tout autre travail, à condition, encore, qu’un projet de recherches nous soit accordé! Ce volume a quand même coûté 400  000 euros.

Au même titre que le Dictionnaire des auteurs luxembourgeois , pensez-vous que ce livre pourrait être, un jour, traduit en français?

Si on trouve des sources de financement, on peut tout imaginer, ce qui n’est pas encore le cas. Il y a quand même plus de 1  200  pages à traduire! Mais c’est vrai que l’idée est bonne, et elle ferait sens. Il faut prendre en compte que la moitié de la population au Grand-Duché, ou presque, est francophone. L’histoire de la musique luxembourgeoise est aussi, à mes yeux, un facteur d’intégration.

Grégory Cimatti

Luxemburger Musikerlexikon – Komponisten und Interpreten (Band I  : 1815-1950) d’Ursula Anders-Malvetti, Alain Nitschké, Caroline Reuter et Damien Sagrillo. Margraf Publishers.

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