Le vaccin contre la grippe saisonnière cette année a une efficacité réduite en raison de la mutation du virus dominant en circulation, mais offre en revanche une protection contre la nouvelle souche très virulente H7N9 apparue en Chine en 2013, selon des chercheurs.
Un patient en train de se faire vacciner contre la grippe. (Photo : AFP)
Les anticorps qui protègent contre H7N9 ne représentent qu’une petite partie du vaccin « mais paraissent largement neutraliser les virus H7, ce qui représentent de nouvelles cibles prometteuses pour la mise au point d’antiviraux contre une gamme étendue de souches virales de la grippe« , expliquent les auteurs de ces travaux de l’Université de Chicago et de la faculté de médecine du Mount Sinai à New York parus mardi dans le Journal of Clinical Investigation.
« Nous avons des indications claires qu’une réponse immunitaire normale au vaccin de la grippe offre aussi une protection contre des souches dangereuses très spécifiques de la grippe comme H7N9″, affirme le Dr Patrick Wilson, professeur de médecine à l’Université de Chicago, principal co-auteur de cette recherche. Avec un taux de mortalité d’environ 30%, la grippe aviaire H7N9 est dangereuse pour les humains.
« Nous devons maintenant développer des moyens pour amplifier cette réaction immunitaire », dit le professeur Wilson. Ces chercheurs ont cherché à déterminer si les vaccins contre la grippe saisonnière pouvaient aussi induire la production d’anticorps contre des souches rares de la grippe. Ils ont sélectionné 83 anticorps isolés dans le sang de 28 personnes vaccinées contre le virus H3N2, souche courante de la grippe humaine. Les tests ont révélé que 7% de ces anticorps ont réagi contre les souches rares de la grippe H7, même si celles-ci n’avaient pas été ajoutées au vaccin reçu par ces 28 sujets.
> Même administré 24 heures après le début de l’infection, les souris ont été protégées
Parmi ces anticorps, trois ont totalement neutralisé la souche H7N9. Pour le vérifier, ces virologues ont traité des souris avec ces anticorps avant de leur donner des doses mortelles du virus H7N9. Ces anticorps ont tous empêché la mort de ces rongeurs alors que toutes les souris non-traitées ont succombé à l’infection. Même administré 24 heures après le début de l’infection, les souris ont été protégées. « La production d’anticorps permettant une protection croisée contre H7N9 paraît plus fréquente dans les vaccins contre la grippe saisonnière qu’on ne le pensait », souligne Carole Henry, chercheuse à l’Université de Chicago, une des co-auteurs.
« Bien que ces anticorps ne soient pas toujours protecteurs contre H7, on les trouve chez quasiment toutes les personnes vaccinées contre la grippe« , dit-elle. Même si des mutations se produisent dans les virus H7, ces chercheurs ont constaté que ces anticorps les rendaient moins infectieux. « La difficulté est d’exploiter cette réponse immunitaire à grande échelle pour produire des vaccins ou des antiviraux offrant une protection contre ces souches de virus de la grippe« , explique le Dr Wilson. « Pour l’heure, il est clair que le vaccin contre la grippe saisonnière offre une protection plus étendue et que tout le monde devrait de ce fait être vacciné », insiste-il.
AFP