Mercredi, la Cour d’appel a confirmé les lourdes peines prononcées en première instance contre deux prévenus. Seul le troisième homme voit sa peine allégée.
Au mois d’août 2014, en l’espace d’une dizaine de jours seulement, deux incendies s’étaient déclenchés la nuit dans un immeuble rue du Chemin-de-fer à Pétange. Des trois prévenus de ce double incendie volontaire, Jonathan M. (30ans) était le seul à être passé aux aveux.
Le 2 août 2014 vers 5 h, il s’agissait d’un feu de volets et le 12 août, vers 1 h 50, deux voitures avaient été dévastées par les flammes dans le garage souterrain. Alors que les prévenus Marcel P. (27 ans) et Rafa B. (21 ans) avaient clamé leur innocence jusqu’au bout, Jonathan M. avait avoué avoir été présent, notamment pour avoir servi de chauffeur. « Marcel m’a mis la pression avec un fusil à pompe », avait-il ajouté à la barre tout en montrant ses cicatrices aux juges de la Cour d’appel.
En première instance, la 13 e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement avait reconnu coupable le trio qui résidait, à l’époque des faits, à Saulnes, en Meurthe-et-Moselle : Marcel P. avait écopé de 18 ans de réclusion, sa compagne Rafa B. de huit ans de réclusion, dont cinq ans avec sursis, et le troisième prévenu, Jonathan M., de huit ans de réclusion.
L’enquête avait établi que les incendies correspondaient à un règlement de comptes dans le milieu de la drogue. Le principal prévenu Marcel P. aurait eu dans le collimateur T. pour une affaire de stupéfiants. Il avait donc exercé des pressions de différentes manières sur cet habitant de l’immeuble de la rue du Chemin-de-fer à Pétange.
« J’ai été condamnée pour des faits que je n’ai pas commis. Même si mon ADN a été retrouvé sur le bidon d’essence », s’était exclamée Rafa B. à la barre de la Cour d’appel fin juin. Marcel P., pour sa part, avait affirmé : « J’ai fait appel parce que je suis innocent. »
Leurs avocats avaient sollicité l’acquittement. « Il n’y a pas d’élément objectif dans le dossier qui permette de dire que ce sont Marcel P. et sa compagne qui ont mis le feu », avait plaidé Me Xavier Iochum avant de critiquer le fait que les premiers juges ont retenu que «même si Marcel P. n’a pas pu formellement être identifié» sur l’enregistrement vidéo dans le garage lors du second incendie, un agent de la police judiciaire de Nancy l’a reconnu. « C’est un raisonnement absurde », avait martelé l’avocat.
En début d’audience, Me Xavier Iochum avait, par ailleurs, demandé à entendre la sœur de Marcel P. La Cour d’appel avait fait droit à cette requête. Un fait plutôt rare, car il n’est pas habituel d’entendre des témoins en deuxième instance. « Il est arrivé le 30-31 juillet chez moi dans le sud de la France et il est reparti le 2 ou le 3 août », avait déclaré le témoin, livrant ainsi un alibi à Marcel P. pour le premier incendie.
Trois ans au lieu de huit pour Jonathan M.
Du côté du parquet général, c’était un autre son de cloche. Dans son réquisitoire, la représentante avait qualifié « les déclarations de Jonathan M. de tout à fait crédibles » et « d’extrêmement importantes ». « Il n’est pas certain qu’il ait su quelles étaient les intentions de Rafa B. et Marcel P. le 2 août », avait-elle noté. Or, pour le deuxième incendie, elle avait retenu qu’il était dans le garage de la résidence avec Marcel P. Certes il n’a pas mis le feu, mais il ne l’a pas non plus arrêté. « Il est témoin de la scène. Il l’a aidé à quitter les lieux. »
Estimant que Jonathan M. avait agi comme complice « sous l’emprise de Marcel P. », le parquet général avait requis trois ans de prison à son encontre. Contre Marcel P. et Rafa B., 15 ans de réclusion avaient été requis.
Dans son arrêt, la Cour d’appel a seulement en partie suivi les réquisitions du parquet général. Mercredi, elle a confirmé les peines prononcées en première instance contre Marcel P. et Rafa B. Ils écopent donc respectivement de 18 ans de réclusion et huit ans, dont cinq ans avec sursis. Seul Jonathan M. a vu sa peine réduite. Acquitté pour l’incendie du 2 août, il a été condamné à trois ans de prison ferme. Comme Jonathan M. et Marcel P. ont des antécédents en France, ils ne peuvent pas bénéficier d’un sursis.
Outre leur peine de prison, Marcel P. et Jonathan M. doivent verser plus de 41 000 euros de dommages et intérêts aux parties civiles. Le montant fixé par les premiers juges a donc été confirmé.
Fabienne Armborst