Contern va vivre, ce week-end, au rythme de son traditionnel festival de la BD. Une cinquantaine d’auteurs et quelque 100 revendeurs sont annoncés sur place.
Et un de plus qui font 23! Malgré une année difficile, qui a vu la disparition en avril dernier de sa cheville ouvrière, son secrétaire, Georges Hansen, le festival international de la BD de Contern est fidèle au poste le troisième week-end de juillet, avec un programme dans la continuité des éditions précédentes, mais aussi désormais des projets d’envergure et une présence accrue tout au long de l’année.
La commune de Contern a commencé sa mue. La petite et tranquille bourgade était déjà, hier matin, en grande partie parée des couleurs du 23e festival international de la BD, qu’elle va accueillir ce week-end. Et un peu partout, les petites mains des bénévoles s’affairaient pour faire en sorte que la fête soit des plus belles.
«La pression monte, mais pour le moment tout va bien, assure le président du festival, Ari Arrensdorff. Quand on a appris le décès de Georges Hansen, la première question a été : y aura-t-il un festival cette année?, reprend le secrétaire de la manifestation, Jean-Claude Mulle. Et tout de suite, on a répondu « oui, bien sûr! ». À aucun moment, nous n’avons pensé arrêter.»
La manifestation revient donc à sa date habituelle, le troisième week-end du mois de juillet, et avec sa structure habituelle. «Notre festival repose sur quatre piliers : un festival de BD, avec des auteurs présents, de nombreux revendeurs de BD, une fête populaire avec toutes les associations locales et un week-end avec de nombreuses animations», énumère Jean-Claude Muller.
Bref, le festival a la force de ses faiblesses. Si d’un côté il attire un public bien plus nombreux que les seuls bédéphiles, entre 8 000 et 10 000 festivaliers sont attendus chaque année à Contern, revers de la médaille, les fanatiques des phylactères ont souvent l’impression d’être là plus à une grande fête de village qu’à une manifestation dédiée au 9e art.
Un festival qui tient à son indépendance
Quoi qu’il en soit, la BD est là, et bien là. Il y a les décorations posées çà et là, mais surtout une centaine de revendeurs, d’albums neufs, d’occasion ou de collection, ainsi que de figurines et autres goodies en lien avec les héros préférés de la bande dessinée. Et puis, bien sûr, une cinquantaine d’auteurs (lire ci-dessous) entassés deux jours durant dans le hall sportif de la commune, prêts à dédicacer des dizaines, voire des centaines d’albums à leurs fans. Principalement des auteurs français et belges, mais aussi luxembourgeois, allemands, britanniques et espagnols.
Là encore, les plus fans parmi les fans peuvent regretter l’absence de très grands noms de la BD actuelle. On pense à Sattouf, Delisle, Davodeau, Pedrosa, Manu Larcenet, Zep, Arleston ou ne serait-ce que les voisins : Baru ou Jean-Claude Servais. Mais les responsable répondent à cette liste par une autre : «Marcel Uderzo, Pica, Simon Rocca, Rodrigue, ce sont quand même de sacrés noms!» Et de poursuivre : «Juillet, c’est une période de vacances pour de nombreux auteurs, il y en a donc plein qui ne sont pas disponibles, et puis, c’est le festival qui invite directement les auteurs, leur présence n’est pas prise en main par les éditeurs, comme ça peut être le cas ailleurs. Et de lancer avec virulence : «Nous n’avons rien contre les maisons d’édition, Idées+ et Panini sont d’ailleurs présentes cette année, mais nous voulons rester indépendants.»
Le prochain but des responsables sera de ne pas limiter la présence de la BD à Contern à un seul week-end par an, mais de faire de la commune la capitale de la BD au pays, voire dans la Grande Région, tout au long de l’année. Pour cela, il y a déjà la décision de donner à de nouvelles rues les noms de personnalités de la BD grand-ducale : Daniel Grun (créateur du festival), Gab Weis (auteur et illustrateur) et Albert Simon (considéré comme le fondateur de la caricature luxembourgeoise). Il y a aussi et surtout la possible création d’une grande bibliothèque publique de BD, riche des quelque 16 000 ouvrages de la collection Paul Mathey.
Autres pistes de réflexion pour le futur, souligne Ari Arrensdorff : «donner plus de place au manga», genre effectivement absent cette année et qui pourrait pourtant attirer un public complémentaire à Contern; et puis trouver de nouveaux emplacements et de nouveaux bénévoles pour permettre au festival de grandir.
En attendant, la 23e édition se tiendra ce week-end, sans exposition, pour cause de travaux dans le bâtiment de la mairie, mais avec la participation du festival à la venue, vendredi et samedi, de Tardi à l’abbaye de Neumünster, pour son spectacle et son exposition, tous deux intitulés Putain de guerre !
Pablo Chimienti