Les Etats membres de l’UE ont approuvé lundi une restriction des conditions d’utilisation du glyphosate, l’herbicide controversé dont la Commission européenne vient de prolonger temporairement la licence malgré les réticences de plusieurs pays européens.
Ces mesures, visant à prendre en compte les inquiétudes exprimées sur de possibles effets néfastes sur la santé, incluent une interdiction de certains adjuvants du glyphosate et des règles pour limiter son utilisation dans des endroits comme les parcs et les jardins publics. « Les Etats membres ont approuvé une proposition de la Commission de restreindre les conditions d’utilisation du glyphosate dans l’UE », lors d’un vote au sein d’une instance où les 28 pays de l’Union sont représentés par des experts, a indiqué un porte-parole de l’exécutif européen.
Ces restrictions vont s’appliquer pendant au maximum dix-huit mois. Cette période correspond à la prolongation temporaire de la licence du glyphosate décidée par la Commission le 29 juin, à la veille de son expiration, faute de soutien suffisant des Etats membres pour la renouveler. Cette prolongation est valable jusqu’à la publication d’un avis scientifique de l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) pour évaluer les effets sanitaires du glyphosate, au plus tard le 31 décembre 2017.
Lors d’un vote le 24 juin, une majorité de pays (19) avait accepté la proposition de la Commission de renouveler la licence du glyphosate, mais pas suffisamment pour obtenir la majorité qualifiée requise, tenant compte notamment du poids démographique des pays. La France et Malte avaient voté contre et sept pays s’étaient abstenus (Allemagne, Italie, Portugal, Autriche, Luxembourg, Grèce, Bulgarie), bloquant la décision.
La Commission a alors décidé seule d’une prolongation temporaire pour éviter qu’un vide décisionnel ne conduise à une interdiction de fait du glyphosate, massivement utilisé par les agriculteurs européens. Partisans et défenseurs de l’herbicide s’affrontent par études scientifiques interposées.
D’un côté, Bruxelles s’appuie sur l’Efsa, l’Agence européenne de sécurité des aliments, qui juge le risque cancérogène « improbable » lorsque l’exposition au produit actif est prise en compte. Ses détracteurs lui préfèrent celle du Centre international de recherche contre le cancer (CIRC), une branche de l’OMS, qui estime le risque « probable ».
Le Quotidien / AFP