Trente ans après le double meurtre d’Alexandre Beckrich et Cyril Beining, 8 ans, à Montigny-lès-Metz, Henri Leclaire, l’un des suspects dans cette affaire marquée par de nombreux rebondissements, a été définitivement mis hors de cause par les juges d’instruction.
Henri Leclaire, ancien manutentionnaire de 67 ans, ne sera finalement pas renvoyé devant la cour d’assises de Moselle au côté du tueur en série Francis Heaulme, lequel se retrouvera seul dans le box des accusés, a annoncé jeudi son avocat. « La mise hors de cause d’Henri Leclaire est totale », c’est pour lui « la fin d’un long calvaire », s’est réjoui Me Thomas Hellenbrand.
Décrit comme un homme solitaire et fruste, Henri Leclaire avait pourtant été le premier à avouer en 1986 le meurtre à Montigny-lès-Metz d’Alexandre Beckrich et Cyril Beining, 8 ans, morts le crâne enfoncé à coups de pierre sur le talus d’une voie ferrée sur lequel ils jouaient. Mais il s’était rapidement rétracté et les enquêteurs l’avaient blanchi, relevant des invraisemblances dans ses déclarations.
« Témoignages grand-guignolesques »
Quelques mois plus tard, un adolescent de 16 ans, Patrick Dils, avait lui aussi avoué les faits lors de son interrogatoire par les gendarmes. Il avait été condamné à perpétuité avant qu’une erreur judiciaire ne soit reconnue. Il avait été innocenté et acquitté lors d’un nouveau procès en 2002. L’accusation s’était alors portée sur Francis Heaulme, condamné pour neuf meurtres, et dont la présence a été tardivement attestée sur les lieux du crime. Celui-ci a toujours nié le double meurtre en mettant en cause Henri Leclaire.
En 2014, le procès de Heaulme avait été ajourné en raison de nouveaux témoignages incriminant Henri Leclaire. « Des témoignages grand-guignolesques de gens peu sérieux qui sont venus pendant deux ans brouiller les cartes, faire souffrir les parents des victimes », a déclaré jeudi Me Hellenbrand. Selon lui, les juges d’instruction ont en définitive estimé que la culpabilité d’Henri Leclaire n’était qu’une hypothèse « journalistique » et qu’ils n’avaient pas à « se prononcer sur une fiction ».