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En proie au doute

La guerre fratricide au sein du Parti conservateur britannique n’aura finalement pas lieu. Tous les rats quittent le navire, le favori Boris Johnson a jeté l’éponge au lendemain des résultats du référendum, visiblement incapable d’endosser les responsabilités d’une sortie catastrophique du pays de l’Union européenne. Personne ne veut avoir à pousser un bouton qui devrait à coup sûr mettre à mort le Royaume-Uni tel que nous le connaissons aujourd’hui. Mais les Tories sont pressés par leurs homologues européens de trouver un remplaçant à David Cameron.

Que ce soit Michael Gove ou Theresa May, les défenseurs du Brexit pourraient entretemps être rattrapés par la réalité économique d’un pays qui montre déjà quelques faiblesses, alors que rien n’est encore acté. Il est encore temps de faire machine arrière, mais dans quelles conditions? Les Britanniques ont toujours défendu une position à part, des accords uniques. Ils pourraient voir s’envoler tous leurs privilèges pour repartir sur des négociations qui leur seraient bien moins avantageuses. Ajoutons à cela une partie de la population qui a compris que le camp du «leave» leur avait menti. C’est un cocktail explosif.

Les indicateurs économiques ne sont pas franchement à la fête, puisque personne ne sait encore ce que vont faire concrètement les Britanniques. Et personne n’aime l’incertitude, encore moins les milieux économiques. Le ministre des Finances, George Osborne, a annoncé vouloir baisser l’impôt sur les sociétés afin de retenir les grands groupes qui seraient tentés de déménager leur siège vers un autre pays de l’UE. Une tentative un peu désespérée pour montrer que malgré le Brexit le pays va rester ouvert au business, mais est-ce que les finances publiques vont pouvoir se permettre un tel «cadeau»? Rien n’est moins sûr. Tout le monde a les yeux rivés sur le Parti conservateur, et ce dernier ne semble pas pressé de passer du petit jeu politicien à la réalité d’un pays en proie au doute. Pourtant, le temps presse.

Audrey Somnard (asomnard@lequotidien.lu)