Un pays jalousé par ses voisins et partenaires pour sa capacité à se maintenir en tête des classements internationaux sur la qualité de vie et l’économie; un pays qui doit être fier du succès et de la reconnaissance internationale de ses sportifs, de ses artistes, de ses scientifiques et chercheurs, de ses chefs d’entreprise, des performances de sa place financière, de son multilinguisme; un pays qui va de l’avant dans l’économie digitale et l’exploration spatiale…
Les fêtes nationales sont propices à l’autoglorification, aux grandes envolées lyriques et patriotiques. Les dirigeants du monde entier en font leur miel au moment de s’adresser à leur peuple en ces jours de célébration de la nation. Mercredi soir, Xavier Bettel n’a pas dérogé à la règle lors de son allocution diffusée à la radio et à la télé.
Comme il est de coutume dans ces discours très convenus, il n’a pas manqué d’appeler au rassemblement et à la solidarité face à la pauvreté, la maladie, le handicap, la solitude dont le pays n’est pas exempt. Le Premier ministre a exhorté ses concitoyens au vivre ensemble et à la tolérance qui, veut-il croire, caractérisent l’identité du Grand-Duché. Identité qui, selon lui, ne saurait être définie par la seule maîtrise d’une langue ou même par la possession de la nationalité luxembourgeoise. Xavier Bettel réaffirme la constance de ses convictions, malgré l’échec cuisant du référendum de 2015 sur le droit de vote des étrangers.
Et puis il y a le rôle du Luxembourg sur la scène européenne et internationale. Pour le chef du gouvernement, l’affaire est toute entendue : le Grand-Duché joue un rôle moteur pour garder l’Europe unie et résoudre les crises… Du moins fait-il du mieux qu’il peut. Car à regarder la façon très peu humaine dont l’Europe a géré la crise des réfugiés, à voir comment elle a fait chanter la Grèce pour lui imposer l’austérité, il n’y a pas vraiment là matière à s’exalter. Et l’on est bien curieux de voir le gouvernement de Xavier Bettel à l’œuvre dès aujourd’hui face à la situation inédite provoquée par le référendum au Royaume-Uni. Il y a du pain sur la planche.
Fabien Grasser