La gare de Bettembourg est un point de passage obligé pour les passagers qui vont de la capitale à Dudelange ou Esch-sur-Alzette. Mais elle est totalement inadaptée aux personnes à mobilité réduite.
La députée CSV Sylvie Andrich-Duval, également conseillère communale de Dudelange, a pointé du doigt cette énorme anomalie dans le réseau ferré national. Le gouvernement en est conscient, mais il faudra attendre six ans avant de solutionner le problème.
La mobilité et l’accessibilité des transports en commun sont des exigences qui reviennent très fréquemment dans les discours officiels, et c’est heureux. Toutefois, des points noirs subsistent, et pas des moindres, comme l’a fait remarquer la députée Sylvie Andrich-Duval.
Alors que l’on travaille au doublement des voies, que l’on met en place des cadencements plus efficaces dans le sillon lorrain, un axe en particulier reste dans le rythme du siècle dernier : la ligne ferroviaire n° 60 qui relie Bettembourg à Volmerange-les-Mines. Cette ligne n’est pourtant pas anodine. Elle traverse tout le Sud en passant par la deuxième ville du pays (Esch-sur-Alzette), la troisième (Differdange) et la cinquième (Pétange). Sans compter que c’est depuis la gare de Bettembourg qu’un tronçon (la voie unique 60a) permet de relier Dudelange (la quatrième ville du pays) au reste du réseau ferré.
Pour rejoindre cette voie, on a de grandes chances de devoir prendre une correspondance à Bettembourg. Comme le fait remarquer Sylvie Andrich-Duval, «pour changer de train en gare de Bettembourg [pour se rendre à Dudelange], les usagers des transports publics doivent changer de quai, et pour ce faire, ils doivent emprunter un passage souterrain qui n’est accessible que par escaliers». Pour les parents qui se déplacent avec une poussette, les personnes âgées ou les personnes à mobilité réduite, la galère est assurée.
«Toute amélioration serait bonne à prendre»
Le ministre du Développement durable et des Infrastructures, François Bausch, ne nie pas le constat. Il admet que «la gare de Bettembourg n’est actuellement pas équipée pour recevoir les personnes à mobilité réduite; l’accès aux quais étant possible uniquement par des escaliers».
Mais alors que faire? Eh bien, attendre, essentiellement. «La situation actuelle s’améliorera davantage après l’achèvement des travaux de construction de la nouvelle ligne Luxembourg-Bettembourg […] projetée pour 2022.» Le ministre dresse le catalogue d’une série de mesures qui seront prises lors de la modernisation de la gare et, effectivement, à ce moment-là, tout ira bien. Élargissement des quais et du souterrain, création d’un deuxième souterrain accessible depuis le parking, ascenseurs, bande podotactile pour personnes malvoyantes… Rien ne manquera. Mais les travaux ne débuteront que dans six ans, au mieux.
En attendant, la situation actuelle devrait perdurer. Contactés mercredi, les CFL n’ont pas été en mesure de répondre à la question de savoir s’il était envisageable de mettre en place des structures provisoires.
Le bourgmestre de Bettembourg, lui, ne peut que constater l’état des lieux. «Je comprends très bien que les CFL lient les travaux pour améliorer l’accessibilité de la gare avec ceux des aménagements liés à l’arrivée d’une troisième voie, explique Frank Zeimet. Ceci dit, toute amélioration rapide serait bonne à prendre…»
En attendant, François Bausch explique que les usagers qui ont besoin d’aide peuvent contacter les CFL une heure à l’avance (tél. : 44 90 37 37; courriel : videosurveillance.zoc@cfl.lu). C’est aimable, mais clairement pas suffisant.
Erwan Nonet
Raymond Remakel : «On ne peut pas l’accepter»
Le Quotidien : L’accès à la gare de Bettembourg est très compliqué pour les personnes à mobilité réduite…
Raymond Remakel : Il faut rendre accessibles toutes ces infrastructures. Les gares sont des points centraux des schémas de mobilité. Imaginez une personne à mobilité réduite qui s’y rende en taxi et qui se retrouve bloquée, parce qu’elle ne peut pas rejoindre le quai où se trouve son train. On ne peut pas l’accepter.
Que répondez-vous lorsque le ministre dit que la situation n’évoluera pas avant 2022?
Que c’est beaucoup trop loin! C’est dommage parce qu’il faut reconnaître que des efforts sont faits en la matière. Mais l’accessibilité fonctionne grâce à une chaîne de petits rouages. S’il en manque un seul quelque part, tout tombe à l’eau.
L’installation de structures provisoires est-elle indispensable?
Oui, il faut y réfléchir. D’autant que ces installations seront bénéfiques à tous les usagers. Une bonne accessibilité au bénéfice des personnes à mobilité réduite, c’est également un gain de confort pour le reste de la population.
Recueilli par E. N.