Evolution des infrastructures, génération dorée, sens collectif irréprochable et rigueur tactique sont les recettes d’une qualification islandaise pour les huitièmes de l’Euro-2016, phénoménale vu la taille du pays mais finalement pas si incroyable d’un point de vue sportif.
Il suffit de regarder et écouter le deuxième but islandais en version originale – la vidéo circule sur internet – pour comprendre ce que représente cette qualification en huitièmes de finale d’un championnat d’Europe de foot. « Le plus grand moment de l’histoire sportive du pays, je pense », a résumé après le match Eidur Smári Gudjohnsen, tout en rappelant que l’Islande avait aussi une équipe de handball « de niveau mondial », vice-championne olympique en 2008.
Comment s’explique cette réussite insolente? Avec 330.000 habitants, le pays nordique jouit d’un bassin de population 25 fois moins important que celui de l’Autriche, qu’il a éliminée mercredi, et 160 fois plus petit que celui de l’Angleterre, que les hommes de Lars Lägerback défieront lundi (21h00) à Nice. Et les 20.000 licenciés (dont un tiers de femmes) recensés par la fédération islandaise (KSI) font pale figure à côté des quelques 2 millions de licenciés de son homologue française (FFF).
Et pourtant, après deux matches nuls et une victoire face à des sélections de bon niveau, dont le Portugal de Cristiano Ronaldo, difficile de parler de véritable « miracle islandais ». « Tout le monde a vu nos matches, il y a des valeurs de travail, de discipline qui sont mises en avant dans cette équipe, avec cet esprit d’équipe, de vouloir toujours lutter, combattre », a expliqué le co-sélectionneur, Heimir Hallgrimsson.
Sans véritable star, l’équipe islandaise travaille… en équipe, attaquant et défendant d’un bloc. « Ils ont dix joueurs dans la surface de réparation, comme un mur islandais, bien entendu que c’est difficile » de les affronter, a ainsi observé, fataliste, le sélectionneur autrichien Marcel Koller. S’ils ne boudent pas le contrôle du ballon, les Islandais se replient devant leur but en faisant le gros dos quand ils sont menacés, avant d’achever leur adversaire en contre-attraque, comme face à l’Autriche.
Expérience étrangère
Car s’il n’y a effectivement pas de top joueur mondial dans cette sélection, le sélectionneur peut cependant s’appuyer sur une « génération dorée » – l’expression est du président de la Fédération islandaise, Geir Thorsteinsson. « La plupart évoluent ensemble depuis les sélections de jeunes, bon nombre d’entre eux sont partis évoluer à l’étranger quand ils étaient très jeunes. »
Ainsi le N.10 de la sélection, Gylfi Sigurdsson, évolue en Premier League avec Swansea. Le capitaine, Aron Gunnarrson, joue en 2e division anglaise, à Cardiff. Et Bjirnir Bjarnason, le remuant et technique milieu relayeur évolue avec le FC Bâle, en Suisse. Sans parler du vétéran Gudjohnsen (37 ans), qui a évolué à Chelsea ou Barcelone plus tôt dans sa riche carrière.
« Nous nous sommes servis de l’expérience de nos meilleurs joueurs qui évoluent à l’étranger, ils reviennent avec beaucoup d’expérience et de connaissances et cela nous permet de nous inspirer de ce qui se fait de mieux », expliquait Geir Thorsteinsson avant l’Euro. « Notre football a changé, nos joueurs sont plus techniques qu’auparavant. Quand j’étais jeune, on ne pouvait jouer que pendant l’été en raisons des conditions climatiques, alors que maintenant nous avons de bonnes infrastructures pour travailler. »
L’un des grands artisans de cette métamorphose est le Suédois Lars Lägerback, qui a fait passer la sélection de la 108e place du classement Fifa à son arrivée en 2011, à la 34e avant le début de l’Euro. Il a déjà annoncé qu’il se retirerait à la fin de la compétition, mais laissera une sélection encore jeune et disciplinée, et de quoi préparer l’avenir avec des infrastructures de bon niveau et une expérience inoubliable. De quoi rêver, désormais, à une place en Coupe du Monde?
Le Quotidien / AFP
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