L’Europe, frappée de « langueur bureaucratique », commet une « faute politique » en ne protégeant pas son industrie de l’acier face au dumping chinois et indien, a estimé lundi à Rome le ministre français de l’Économie, Emmanuel Macron.

« Nous réagissons trop tard et avec trop peu d’agressivité vis-à-vis de ces pratiques de dumping », a affirmé devant la presse Emmanuel Macron, à l’issue d’une rencontre avec son homologue italien, Carlo Calenda. Quand la Commission européenne réagit, après huit ou neuf mois, elle se contente d’imposer des amendes équivalent à 20% du prix de l’acier chinois ou indien vendu en Europe, alors que les États-Unis mettent deux ou trois mois pour taxer ce même acier à hauteur de 500%, a-t-il pointé.

« Si nous laissons l’acier européen se faire tuer dans cette aventure, c’est vraiment une faute politique », a-t-il insisté. « L’Europe est frappée de langueur bureaucratique ». Selon lui, la surproduction chinoise est aujourd’hui équivalente à deux ans de consommation européenne d’acier. Premier producteur mondial, la Chine a annoncé une augmentation de 2,4% sur un an de ses exportations d’acier en mai, malgré ses promesses de réduire ses colossales surcapacités pour répondre à la crise mondiale du secteur.

« C’est le manque de débat politique qui est en train de miner le projet européen », a-t-il par ailleurs expliqué. Il faut « recréer ce désir d’Europe », car « ce qui est en train de se passer, c’est de fait le démantèlement de l’Europe ».