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Italie : les défis de Virginia Raggi à Rome


Virginia Raggi lors d'une interview le 19 mai 2016 à Rome. (Photo : AFP)

Virginia Raggi, triomphalement élue dimanche première femme maire de Rome, a cinq ans pour répondre aux immenses attentes de près de trois millions de Romains exaspérés par les défaillances de la ville.

Cette avocate de 37 ans a d’autant moins le droit à l’erreur que la Ville éternelle est devenue du jour au lendemain une vitrine très en vue pour son Mouvement cinq étoiles (M5S), la jeune formation antipartis qui ambitionne de prendre rapidement les rênes du pays.

Car le patron du M5S Beppe Grillo l’a clairement dit : «Rome est un tremplin pour le gouvernement du pays. Si nous échouons, nous sommes foutus».

Les priorités annoncées

. Transparence dans la gestion de la ville et de son appareil administratif, impliqué dans plusieurs scandales financiers et des affaires de corruption : le M5S exige des élus irréprochables et Virginia Raggi promet une «vigilance» renforcée, en coopération avec l’Autorité nationale anticorruption.

. Chaos dans les transports: augmentation du nombre de bus et de trams, davantage de voies réservées aux transports en commun et incitation de l’utilisation des bicyclettes. C’est l’un des dossiers sur lequel la nouvelle maire de la ville éternelle est particulièrement attendue, tant les Romains sont critiques sur les retards, les pannes et les insuffisances des transports publics à Rome.

. Propreté et ramassage des ordures: renforcer le tri sélectif, moderniser les véhicules de la société municipale chargée du ramassage des ordures mais aussi «des amendes plus salées pour ceux qui traitent Rome comme une poubelle» et jettent tout et n’importe quoi dans les rues.

. Campements roms: alors que la droite et l’extrême droite avaient appelé à voter pour elle au second tour pour faire barrage au candidat de centre gauche de Matteo Renzi, Virginia Raggi a annoncé que la sécurité ferait partie de ses priorités et qu’elle comptait pour cela «dépasser» la question des nombreux campements roms et sintis autour de la capitale, avec «un recensement patrimonial approfondi» pour s’assurer que personne «ne puisse vivre sur le compte des autres».

Ce qui reste flou

. Les JO : Mme Raggi s’est engagée à œuvrer pour l’art, la culture et le sport, tout en répétant que la candidature de Rome — ardemment défendue par le gouvernement de Matteo Renzi — pour les jeux Olympiques de 2024 ne pouvait pas être une priorité.

Après avoir plusieurs fois exprimé son rejet du projet, elle a légèrement infléchi sa position en fin de campagne, annonçant comme futur adjoint aux sports un partisan de la candidature, l’ancien rugbyman Andrea Lo Cicero.

. La dette de la ville : elle dépasse les 12 milliards d’euros et asphyxie depuis des années les services de la ville, qui manquent cruellement de moyens. Le sujet a été longuement débattu au cours de la campagne, mais il ne figure pas parmi les priorités affichées par Virginia Raggi sur le site internet du M5S.

Renégociation ou refus de rembourser une partie de la dette, la position du M5S est restée assez confuse. Seule certitude, Virginia Raggi entend lancer au plus vite un audit des comptes de la municipalité.

. Les 60 000 employés de la ville ou d’entreprises liées à la ville. L’administration pléthorique de la ville éternelle a été maintes fois dénoncée, pour son inefficacité et son manque parfois de responsabilités.

Les policiers municipaux s’étaient ainsi mis tous en grève le soir du réveillon du 31 décembre 2014. Lundi dernier, les bus et métros de Rome avaient tourné au ralenti toute la soirée en raison d’une grève du personnel… pile pendant le match remporté 2-0 contre la Belgique. Une «coincidence», avait alors commenté Virginia Raggi, restée très prudente sur ce dossier délicat.

Le Quotidien/AFP