[Groupe D] Alors que son équipier à Barcelone, Andres Iniesta, a mis l’Espagne sur orbite face aux Tchèques, le maître à jouer de la Turquie doit montrer ce vendredi soir un autre visage que celui vu face à la Croatie.
Andres Iniesta et Arda Turan connaissent des fortunes opposées cette saison : quand le meneur espagnol a débuté l’Euro-2016 en trombe, le capitaine turc a raté son entrée et doit se racheter ce soir contre la Roja de son coéquipier au FC Barcelone.
Iniesta, le leader
Étincelant maître à jouer de l’Espagne, passeur décisif contre la République tchèque lundi (1-0), Iniesta a parfaitement lancé l’opération reconquête des doubles champions d’Europe en titre. À 32 ans, le milieu offensif du Barça semble vivre une forme de plénitude, au bout d’une saison où il s’est davantage économisé mais a tout de même remporté le doublé championnat-Coupe avec son club.
«Rien ne me fait plus plaisir que d’achever un match de football en bonne santé, avec de bonnes sensations, et d’aborder le suivant», a déclaré Iniesta au lendemain de la victoire espagnole. «J’essaie de prendre soin de moi et de travailler pour être à mon meilleur niveau.»
Avec sa vista et ses dribbles dévastateurs, le natif de Fuentealbilla (Castille-La Manche) a su prendre le jeu espagnol à son compte après le départ de son ancien compère Xavi, en club comme en sélection. «J’essaye toujours d’avoir une responsabilité élevée quand je joue, indépendamment du moment. C’est ma manière de vivre le football», a-t-il modestement commenté. «Ce n’est pas quelque chose que j’essaie d’esquiver.» Son épanouissement s’est vu lundi sur le terrain. Unanimement, les joueurs, les supporters et les médias ont salué l’excellente forme de celui qui avait été élu meilleur joueur de l’Euro-2012.
Mercredi, le visage d’Iniesta s’affichait en une des deux principaux quotidiens sportifs madrilènes. «Un footballeur à mettre dans une vitrine» selon Marca, «Admiration mondiale» pour As. Et ses partenaires en sélection, eux, n’ont pas eu assez de mots pour remercier «Don Andres» de son investissement et pour lui réaffirmer leur confiance à l’approche du match contre la Turquie ce soir à Nice. «Andres est formidable depuis des années, il figure parmi les meilleurs au monde», a résumé le milieu Thiago Alcantara. «Le niveau qu’il affiche ne me surprend pas, parce que… c’est Andres Iniesta. Il nous a donné le but de la finale du Mondial (en 2010) et des milliers de bonnes choses.»
Turan, le loser
À l’inverse de son coéquipier barcelonais, Arda Turan (29 ans) a vécu une mauvaise saison et semble la poursuivre à l’Euro. Il faut dire que le Turc, transféré l’été dernier au Barça, n’a pu débuter sous son nouveau maillot qu’en janvier dernier, après six mois d’inactivité liée à la sanction d’interdiction de recrutement infligée au club catalan.
Cette campagne tronquée a-t-elle entamé la confiance du milieu offensif ? L’adaptation au jeu barcelonais a-t-elle été trop compliquée ? Toujours est-il qu’on n’a pas revu au Barça le joueur technique et intense qui brillait à l’Atletico Madrid (2011-2015) et que Turan a passé la plupart de son temps sur le banc blaugrana en 2016. Dimanche dernier, le capitaine turc n’a été que l’ombre de lui-même lors du premier match de sa sélection, battue 1-0 par la Croatie.
Le meneur barbu, remplacé à l’heure de jeu, a d’ailleurs plaidé coupable après la défaite. «Je demande pardon au peuple turc. Je n’ai pas bien joué aujourd’hui», a-t-il reconnu. Reste désormais à savoir s’il aura assez de caractère pour rebondir ce soir à Nice face à son pays d’adoption, l’Espagne.
Pour Jordi Alba, latéral du Barça et de la Roja, les Espagnols doivent néanmoins se méfier du réveil d’Arda. «C’est un joueur qui apporte le danger et il sera surmotivé. En outre, il connaît tous nos joueurs», a prévenu le défenseur mercredi. «Pour sa sélection, c’est un joueur vital et c’est une idole dans son pays. Il est certain qu’il aura énormément d’envie.»
Le Quotidien