La France était partagée mercredi entre recueillement et inquiétude, deux jours après l’assassinat d’un policier et de sa compagne par un jihadiste près de Paris, en plein Euro de football qui représente une cible pour Daech.
Le président François Hollande a participé à une minute de silence au ministère de l’Intérieur à la mémoire des deux victimes, tuées à leur domicile par Larossi Abballa, 25 ans, qui a revendiqué son acte au nom du groupe Daech (EI). Le moment de recueillement a également été observé dans tous les commissariats de police du pays ainsi qu’à Magnanville, ville théâtre du drame à une soixantaine de kilomètres à l’ouest de Paris.
Le chef du gouvernement a prédit que la France, cible privilégiée de Daech, serait frappée par de nouvelles attaques. « D’autres innocents perdront leur vie. C’est très difficile à dire (…) mais malheureusement c’est cette réalité », a-t-il lâché. Sept mois après les attentats du 13 novembre à Paris, le double assassinat de lundi est intervenu au lendemain du carnage dans une boîte gay d’Orlando, aux États-Unis, où un homme se réclamant lui aussi de Daech et agissant sur le même mode opératoire du « loup solitaire » – ou « soldat du califat » dans la terminologie jihadiste – a tué 49 personnes dimanche.
« L’Euro sera un cimetière »
Le président américain Barack Obama et François Hollande « ont réaffirmé leur engagement commun à détruire l’EI » mardi soir lors d’un entretien téléphonique, selon la Maison Blanche. Le chef de l’état français a affirmé que la vigilance face à la menace était « portée à son niveau maximal » dans l’Hexagone, où la hantise d’attentats est avivée par le déroulement jusqu’au 10 juillet de l’Euro-2016 de football.
Dans une vidéo filmée au domicile de ses victimes et postée en direct sur Facebook, l’auteur du double assassinat de lundi a assorti la revendication de son acte d’un message glaçant. « L’Euro sera un cimetière », a-t-il clamé, promettant « d’autres surprises » durant la compétition. Dans ce message, il enjoint également « à attaquer des policiers, des journalistes, des gardiens de prison et des rappeurs ».
« Cela ne peut plus durer »
Une telle attaque jihadiste, visant des cibles individuelles à leur domicile, est inédite en France. Les enquêteurs cherchent désormais à déterminer si le tueur a pu bénéficier de complicités. Trois hommes de 27, 29 et 44 ans ont été placés en garde à vue, dont deux avaient été condamnés avec Abballa en 2013 pour participation à une filière jihadiste vers le Pakistan. Le nom d’Abbala était réapparu début 2016 dans une enquête sur une filière de départs vers la Syrie.
L’opposition de droite est montée au créneau, demandant notamment des centres de rétention pour les personnes radicalisées non condamnées. Manuel Valls, réfutant toute « négligence », a de nouveau écarté ces demandes. Le recteur de la grande mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, a déploré quant à lui que des jihadistes puissent circuler « librement en France ». « Cela ne peut plus durer », a-t-il tonné.