[Groupe E] Les Diables Rouges, qui vont tenter de remporter leur première grande compétition, s’offrent un choc de prestige pour lancer leur conquête. S’ils le maîtrisent bien…
À chacun son point fort. L’Italie, pauvre en attaque et privée de Verratti et Marchisio au milieu, mise beaucoup sur sa défense à trois Barzagli-Bonucci-Chiellini, ensemble depuis cinq saisons, à la Juve et en Nazionale. La Belgique, fragilisée en défense par les forfaits, penche vers l’avant du poids de son quatuor 100% Premier League mené par Hazard, meilleur joueur du championnat d’Angleterre en 2015.
Les Belges sont conscients qu’il sera difficile de faire sauter le verrou italien, d’autant plus que les Diables Rouges ne sont jamais à l’aise face aux défenses regroupées, malgré le génie technique de Hazard et Kevin De Bruyne.
Ces deux-là n’ont toujours pas trouvé la formule pour cohabiter. En quatre ans, ils n’ont été impliqués ensemble (passe décisive de l’un pour l’autre) que sur deux buts. Un bilan très léger pour les deux meilleurs éléments de la formation.
Le sélectionneur Marc Wilmots est souvent obligé de les placer sur les ailes, car laissés trop proches l’un de l’autre, ils se marchent sur les pieds. Hazard, star de la Belgique, a vécu une saison difficile, passant de terreur de la Premier League en 2015 à fantôme en 2016, avec presque dix mois sans marquer.
Les tracas physiques ne l’ont pas épargné, frappé par une grosse fatigue après six saisons pied au plancher depuis son avènement à Lille. Mais il se dit «motivé comme jamais» à l’approche du début de la compétition et il a fini fort avec Chelsea, signant 4 buts sur ses cinq derniers 5 matches. Signe de la confiance de son sélectionneur : il lui a donné le brassard de capitaine. Hazard «est un leader avec ses pieds, explique le sélectionneur, son jeu parle pour lui. C’est sa manière à lui de mener l’équipe. Il va devoir prendre ses responsabilités» à 25 ans.
Une défense au sommet de son art
Mais ce lundi soir, à Lyon, Hazard devra faire face à un quatuor défensif qui en a maté d’autres que lui, a commencé par le «vieux» gardien Gianluigi Buffon, qui devrait fêter face à Hazard sa 158e sélection, à 38 ans. La défense à trois, dont Conte fut le premier architecte à la Juve, a joué des centaines de matches ensemble, en «bianconero» ou en «azzurro». Cette saison, pour le cinquième titre de rang de la «Signora», elle n’a concédé que 20 buts en 38 matches.
«Ils jouent depuis des années ensemble, c’est normal qu’il y ait des mécanismes, quelquefois il n’y a même pas besoin de les essayer à l’entraînement», s’extasie Angelo Ogbonna, leur remplaçant, première victime de leur complicité. «J’ai joué avec eux deux ans, des fois ils sont vraiment en mode automatique», s’emballe-t-il.
Cesare Prandelli, le prédécesseur de Conte, expliquait qu’ils étaient «plus forts tous les trois ensemble que leur simple addition, grâce à leur complicité».
Ogbonna estime que cette défense, «le compartiment le plus rodé» de la Nazionale, est le «point fort» de l’Italie, qui n’oublie jamais, malgré les automatismes, de «l’améliorer jour après jour». Bref, le duel est lancé.