Avec l’accumulation des blessures et des méformes en défense, les espoirs allemands pour aller loin vont, encore plus que d’habitude, peser sur le gardien Manuel Neuer. La muraille bavaroise affronte très sereinement cette pression supplémentaire.
Alors que l’Allemagne du football s’arrache les cheveux devant les blessures d’Ilkay Gündogan, d’Antonio Rüdiger ou les convalescences à rallonge de Mats Hummels et Bastian Schweinsteiger, il en est un que cette désertification de l’arrière-garde ne semble pas troubler plus que ça: Manuel Neuer.
Il est vrai qu’on ne devient pas le meilleur gardien de but du monde par hasard, et qu’un grand calme peut s’avérer aussi précieux que les qualités athlétiques nécessaires – réflexe, détente, appuis.
Jeudi, devant la presse à Évian (Haute-Savoie), il s’est montré aussi impassible devant les questions insistantes des journalistes que face aux plus grands chasseurs de buts européens. «Dans tous les cas de figure, nous aurons une très bonne défense sur le terrain (…) et je m’entendrai très bien avec tous les joueurs qui seront devant moi» , a-t-il ainsi assuré.
On sait qu’il ne rechigne jamais à sortir de ses buts et même de sa surface de réparation pour donner un coup de main à sa défense, mais tout de même…
Les inconnues sont pourtant nombreuses à trois jours de l’entrée en lice des champions du monde face à l’Ukraine dimanche à Lille (21 h). Mais aucune ne semble l’inquiéter outre mesure.
Shkodran Mustafi ou Benedikt Höwedes dans l’axe? Défense à trois ou à quatre? À l’entendre, tout lui va. Tout juste concède-t-il quelques compliments à Höwedes, qui a été son coéquipier à Schalke : il «est très fort dans les duels et il peut être très précieux sur les coups de pieds arrêtés, parce qu’il est très fort de la tête» .
Un argument de poids, quand on sait que les phases arrêtées défensives sont un point faible récurrent de l’Allemagne.
«Je suis un joueur majeur depuis plusieurs années»
Sa sérénité peut s’expliquer par la saison exceptionnelle qu’il a effectué avec le Bayern, couronnée par un quatrième titre d’affilée et au cours de laquelle il n’a concédé que 17 buts en Bundesliga, le plus faible total des cinq principaux championnats européens.
En sélection nationale, le bilan est un peu moins reluisant, puisqu’il n’a réussi à garder sa cage inviolée lors des neuf matches d’éliminatoires qu’il a joués que deux fois, contre Gibraltar (4-0) et en Géorgie (2-0).
Mais depuis le titre mondial au Brésil et la retraite de Philipp Lahm, Manuel Neuer a une toute autre stature au sein de l’équipe nationale. «Je suis un joueur majeur de l’équipe depuis plusieurs années. J’essaie de guider les jeunes joueurs, sur le terrain, mais aussi en dehors» , a-t-il paisiblement expliqué, sans la moindre trace de forfanterie.
Dimanche, en l’absence très probable de Bastian Schweinsteiger, Neuer pourrait d’ailleurs très bien porter le brassard de capitaine, qu’il a déjà arboré. Un honneur qu’il prend comme une «responsabilité» supplémentaire, mais pas comme un honneur. Avec tous les leaders en sélection – Jerome Boateng, Sami Khedira, Toni Kroos, Thomas Müller, etc… – il règne, dans la Mannschaft, une «hiérarchie plate. Pour nous, ça ne joue pas un très grand rôle» , a-t-il assuré.
Le Quotidien / AFP