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[Luxemburgensia] On donne un nom aux victimes


Le livre de Wolfgang Schmitt-Kölzer Bau der « Reichsautobahn » in der Eifel (1939-1941/42). Eine Regionalstudie zur Zwangsarbeit (ISBN 978-3-86460-460-7), qui est paru récemment, est révélateur à bien des égards de l’état d’esprit de l’historiographie grand-ducale.

490_0008_14605648_DerAlors que certains historiens issus des promotions de l’État CSV s’insurgent sérieusement contre l’envergure qu’aurait prise la recherche sur le fascisme et l’holocauste, les mêmes se disputent sur les lieux de mémoire en essayant à tout prix d’éviter une conception dialectique (Hegel, Marx, etc.) ou sociologique (Bourdieu, Habermas, Hannah Arendt, etc.) de l’histoire.

L’historiographie grand-ducale semble portée davantage sur les légendes de la Résistance («tous les Luxembourgeois ont été des résistants», selon le ministre Pierre Dupong). La déportation, les sujets de la collaboration et les exactions lors de la reconstruction nationale d’après-guerre sont oubliés. La recherche scientifique chez nos voisins allemands, par exemple, n’occulte plus les sujets délicats, tels que les travaux forcés fournis par les minorités et les conséquences psychologiques du refoulement collectif.

À côté du sujet principal développé dans le livre prémentionné, nous avons trouvé des références intéressantes et inédites sur les victimes, car celles-ci ne sont pas anonymisées, contrairement à la pratique de soi-disant scientifiques correspondants à l’université du Luxembourg.

Jean Rhein