Le campement de Blida de 2014, avec ses 400 à 700 réfugiés sous tente, se reconstitue tout doucement. La Ville cherche des solutions tandis que l’État assure se démener sans relâche pour assurer à chacun un toit sur la tête. N’empêche, ils sont là et dorment dehors.
Il n’y a qu’à flâner du côté de Blida, à Metz, près du parking de Pôle Emploi, pour vérifier que la solidarité existe bel et bien et que le pays reste une terre d’accueil.
Depuis plusieurs semaines, des sortes de Samaritains s’organisent pour rendre visite, les bras chargés, à ces ressortissants des Balkans venus demander asile à la France. Tous ont leurs raisons : des dettes qui leur font courir des risques pour leur vie, des menaces suscitées par leur orientation sexuelle, des problèmes économiques sans issue, des pathologies graves, des motifs politiques, aussi.
Bref, ils sont là. Depuis des semaines, des mois, à attendre le coup de fil du 115, la plateforme téléphonique censée leur trouver un toit. Les locaux de l’Association d’information et d’entraide mosellane, situés là aussi pour une de ses antennes, sont leur phare dans la nuit, leur étoile du berger. « Nous sommes un dispositif d’information pour les personnes nécessitant un accueil d’urgence , explique Valérie Zminka, directrice du pôle asile de l’AIEM. Nous ne logeons personne mais nos éducateurs sont avertis par le 115 lorsque des places se libèrent et ils avertissent les personnes concernées. Pour l’instant, c’est plutôt saturé. »
Du coup, les réfugiés venus bien souvent depuis l’Allemagne, déposés à Blida par des passeurs payés trop cher et visiblement assez rusés pour éviter les contrôles douaniers, stationnent plusieurs jours sous des tentes de fortune, voire à la belle étoile pour les moins équipés. Dans l’attente. Certains sont déjà logés en hôtel social mais reviennent là en journée pour être avec la communauté. Une situation que la Ville de Metz regrette à chaque fois que Blida s’emplit à nouveau. L’élu de la majorité, Raphaël Pitti, le premier. « Les tentes sont de plus en plus nombreuses et il y a des enfants.
Certains passent la nuit là, c’est insupportable, d’autant qu’ils n’ont pas de quoi se laver, ni eau potable. Et pour les besoins naturels, c’est le long de la Moselle ! Nous ne pouvons rester sans agir, raison pour laquelle, à la manière d’Anne Hidalgo à Paris, nous œuvrons pour l’installation d’un camp provisoire, une sorte de sas d’accueil qui leur offrirait la dignité à laquelle ils ont tous le droit. Le temps qu’ils soient accueillis dans des conditions de vie acceptables. Nous travaillons notamment avec les sœurs de Peltre qui ont déjà hébergé plusieurs familles. » L’élu partant du principe que puisqu’ils sont sur le sol français en général et messin en particulier, chacun se doit de leur offrir des conditions de vie dignes.
Pas toujours simple pour des profils tous particuliers. Quendresa, Dardan, Mariza et Jetmir sont arrivés du Kosovo et d’Albanie il y a entre deux mois et un an. Ils ont fait leur demande d’asile à l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra). Ils sont désormais en attente, sous tente. Ils ne préfèrent pas s’étendre sur les raisons de leur venue en France mais Quendresa a déposé plainte pour des violences dont elle a été la victime. Muslija est arrivé, lui, du Kosovo, puis a vécu à Milan avant de regagner son pays. Obligé de fuir à cause de graves ennuis d’argent… Certains ont déjà obtenu un endroit pour vivre, du côté de Sarreguemines notamment. Mais ce n’est pas le cas pour le reste de la famille.
« Le flux est permanent et cela ne va pas cesser , rappelle Raphaël Pitti. Nous devons mettre en place une politique de gestion de ces flux. Une politique permanente. »
Mais que fait l’État ?
« Nous ne sommes pas dans une situation similaire à l’an dernier, assure Alain Carton, secrétaire général de la préfecture de Moselle. Nous arrivons à héberger les personnes, doucement. Celles souffrant de pathologies graves ou les femmes enceintes sont prioritaires. »
Les réfugiés actuellement hébergés en Moselle sont 1 600 ; ceux ayant été déboutés ou en attente d’un logement sont 2 600. Au total, près de 4 000 personnes sont prises en charge. Le Grand-Est est le plus gros logeur de tous les départements. À Blida, une trentaine de réfugiés, dont trois mineurs venus des pays de l’Est, ont été recensés au dernier décompte du 26 mai. « Nous faisons le maximum pour les accueillir, assure le représentant de l’État. Mais ce n’est pas simple. Les personnes déboutées tentent toujours de rester, malgré tout. »
S.-G. Sebaoui (Le Républicain Lorrain)