Depuis 1995, au collège de Sierck, les élèves ont la possibilité d’apprendre le luxembourgeois. Une option suivie par plus de 250 jeunes qui pourrait disparaître à la rentrée suite au départ à la retraite de Claude Périquet.
Du fait de la situation géographique du territoire de Sierck, aux portes du Luxembourg et de l’Allemagne, deux études avaient été lancées par l’Éducation nationale en 1995 et 2004 afin de savoir quelle langue les parents souhaitaient qu’on enseigne au primaire. La langue régionale avait été fortement plébiscitée. C’est ainsi que l’enseignement du francique luxembourgeois a fait son apparition dans une dizaine d’écoles du secteur des trois frontières de la maternelle au CM2.
Au collège De-Gaulle à Sierck, Claude Périquet n’a pas attendu le retour de ces études pour monter un club dès 1995 et voir l’option langue et culture francique être officialisée un an après. Actuellement ce sont plus de 250 élèves de la 6e à la 3e qui y participent contre une quinzaine il y a vingt ans. Une spécificité de l’établissement qui attire aussi des ados domiciliés à l’extérieur du territoire.
Aucun remplaçant
Lors du dernier conseil académique des langues et cultures régionales, association créée en 2003, la possible suppression des cours a été annoncée. « M. Périquet part à la retraite en octobre et les professeurs de luxembourgeois sont des denrées rares , reconnaît Inès Broy, principale de De-Gaulle. Dix-huit heures sont attribuées à cette option. On y tient. C’est un vrai plus pour les collégiens.»
Jean-Marc Becker, le président de l’association Wéi laang nach qui défend le francique, se dit inquiet. « Il nous a fallu militer durant des années pour que l’apprentissage de la langue régionale se mette en place, et là, faute de remplaçant, tout va s’arrêter. Le collège de Sierck était le seul à le proposer. Du côté de Longwy, un tel enseignement existe depuis trois ou quatre ans mais ça se fait dans les lycées. La volonté d’étendre l’apprentissage n’est pas d’actualité j’ai l’impression, car on n’a pas appris hier que M. Périquet partait à la retraite. Il aurait fallu anticiper son départ. »
Plus de 250 collégiens
Jean-Marc Becker compte alerter l’opinion, mais aussi les parents d’élèves et les élus. Averti, Laurent Steichen maire de Sierck et vice-président du conseil départemental, estime qu’il est important de maintenir l’option. « C’est une des particularités du collège et c’est un plus pour les élèves surtout lorsqu’on vit à côté du Luxembourg. Pourquoi ne pas aller chercher du côté du Grand-Duché ou se rapprocher des personnes qui donnent des cours pour adultes ? »
Le professeur Claude Périquet ne cache pas sa déception : « Le francique luxembourgeois est ma langue maternelle. Pour qu’elle continue d’exister, j’ai eu l’idée de l’enseigner. Après toutes ces années c’est vraiment dommage que tout soit remis en cause. Grâce à ces cours, les élèves savaient se présenter, s’exprimer et avaient un bon niveau. »
Du côté du lycée Hélène-Boucher de Thionville, l’option a disparu l’an dernier, faute de remplaçant. « L’enseignant a préféré partir exercer au Luxembourg , précise Claude Périquet. Logique, là-bas, ils sont payés trois fois plus qu’ici. On comprend mieux pourquoi ils ne veulent pas venir en France. » Après quarante ans de bons et loyaux services au sein du collège de Sierck, le prof tirera sa révérence le 1er octobre laissant sur le carreau des dizaines d’élèves. Et verra à regret l’option disparaître du planning de l’établissement faute de candidat pour l’enseigner.
Contacté, le rectorat de l’académie Nancy-Metz affirme être à la recherche de solutions.
Sabrina Frohnhofer (Le Républicain Lorrain)