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Brésil : l’ado violée par 33 hommes raconte son calvaire


Depuis la médiatisation de ce viol collectif, qui a révulsé le Brésil jusqu'au sommet de l’État, la jeune fille est sortie de son silence pour raconter son calvaire. (Photo R7/RedeRecord)

L’affaire du viol collectif d’une adolescente par 33 hommes dans une favela de Rio, filmé et posté sur les réseaux sociaux, fait grand bruit et révulse le Brésil depuis la semaine dernière. La victime a raconté son calvaire dans les médias, tandis que l’enquête se poursuit pour retrouver les auteurs.

La vidéo, filmée par un smartphone, avait été postée mercredi dernier sur Twitter par un internaute se présentant comme « Michel ». Les images montraient l’adolescente allongée sur un lit, inconsciente, les parties intimes exposées et en sang. « Elle a été engrossée par plus de trente ! », lance une voix masculine. « T’as compris ou pas ? Plus de trente ! ». Des rires se font aussi entendre.

Depuis la médiatisation de ce viol collectif, qui a révulsé le Brésil jusqu’au sommet de l’État, la jeune fille est sortie de son silence pour raconter son calvaire. « Je me suis endormie et réveillée dans un endroit différent avec un homme en dessous de moi, un autre sur moi, et deux me tenant les mains », a-t-elle témoigné à visage couvert dimanche, sur la chaîne R7. Elle dit se souvenir avoir été « droguée et totalement confuse. Dans la pièce, il y avait de nombreuses personnes armées ainsi que des garçons qui parlaient et riaient. Plusieurs personnes se moquaient de moi ».

« Nous pouvons toutes passer par un jour comme celui-là. Ça me fait plus mal à l’âme qu’à l’utérus qu’il existe des personnes aussi cruelles qui soient impunies ! », a-t-elle par ailleurs commenté via son compte Facebook, en réponse à de nombreux messages de soutien reçus. Plusieurs manifestations ont eu lieu depuis vendredi dans plusieurs villes du Brésil, pour dénoncer le crime et les violences faites aux femmes.

Le petit ami footballeur, l’auteur de la vidéo et un dealer identifiés

« Il y a eu viol et ce que je veux prouver c’est la gravité du crime et le nombre de participants », a de son côté déclaré à la presse Cristiana Bento, responsable du service des victimes mineures et adolescentes, précisant que tous étaient considérés comme « fugitifs ». Elle a remplacé dimanche le commissaire de police Alessandro Thiers, à la demande de l’avocate de la victime qui lui reprochait d’être « misogyne et machiste ». « Nous enquêtons pour savoir si elle était consentante, si elle était droguée et si les faits se sont réellement passés », avait déclaré vendredi ce commissaire qui, selon l’avocate, aurait demandé à l’adolescente pendant l’interrogatoire « si elle avait l’habitude de participer à des orgies ».

« Il y a suffisamment d’indices pour demander la prison préventive » des suspects identifiés, a souligné Cristiana Bento, pour qui les images de la vidéo ne laissent aucun doute. Les mandats d’arrêt et de perquisition concernent notamment Lucas Perdomo Duarte Santos, 20 ans, joueur de football prometteur qui serait le petit ami de la victime, et Rai de Souza, 22 ans, qui a reconnu être l’auteur de la vidéo, ainsi qu’un chef du trafic de drogue de la favela située dans la zone ouest de Rio dénommé « O Russia ». En fin de journée lundi, seuls Rai de Souza -s’étant présenté de lui même à la police- et le footballeur Duarte Santos -arrêté dans un restaurant- étaient sous les verrous.

La commissaire Bento précise que l’adolescente n’a commencé à parler « qu’après la diffusion de la vidéo », sans doute par crainte de représailles. Après l’agression, elle avait disparu quelques jours avant de réapparaître au sein de sa famille. Elle a ensuite été hospitalisée pour recevoir des traitements préventifs contre les maladies sexuellement transmissibles.

« Cinq jours après les faits, il est difficile de trouver des preuves. Après 72 heures, les spermatozoïdes sont détruits » et comme la victime « n’est pas vierge et a déjà eu un enfant, l’examen médical ne peut déterminer si une ou dix personnes ont participé », a expliqué Adriane Rego, de l’Institut Médico Légal, lors de la conférence de presse. Mais « le fait de ne pas trouver de preuves ne signifie pas qu’il n’y a pas eu crime », a insisté l’experte.