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Affaire Schley : l’indignation


Laurent Schley sera fixé le 16 juin sur son sort. Le parquet a requis deux mois de prison avec sursis contre lui dans cette affaire de diffamation. (photo archives LQ)

La FGIL, Libre pensée, Liberté de conscience et la Ligue luxembourgeoise de l’enseignement se mobilisent pour dénoncer l’attaque en justice du président de l’AHA. La liberté d’expression serait mise en danger.

Lundi dernier, le parquet a requis deux mois de prison avec sursis à l’encontre de Laurent Schley, le président de l’Alliance des humanistes, athées et agnostiques (AHA). Une affaire de diffamation, lancée par l’initiative «Fir de Choix», se trouve à la base de ce procès. Plusieurs acteurs de la société civile se disent «stupéfaits» par cette attaque en justice et fustigent les protagonistes de «Fir de Choix».

La remise d’un broyeur de documents par le président de l’AHA au ministre de l’Éducation nationale, Claude Meisch, et la publication sur Facebook d’un message évoquant des «fanatiques religieux» sont à la base de cette affaire.

L’AHA faisait semble-t-il référence à l’action de cartes postales de «Fir de Choix» appelant le ministre à maintenir le choix entre un cours de religion et un cours de formation morale et sociale dans l’école publique. Le broyeur de documents devait servir à détruire les cartes postales en question. L’AHA, de son côté, milite ouvertement pour la disparition des cours de religion à l’école publique.

Si «Fir de Choix» se sent heurté par les propos publiés sur Facebook, le président de l’AHA a tenu à se défendre en indiquant que son message était à comprendre comme une «clin d’œil» censé stimuler l’attention du public. Il avait également défendu la liberté d’expression.

C’est justement cette liberté d’expression qui serait mise en danger par ce procès, estiment la Fédération générale des instituteurs luxembourgeois (FGIL), Libre pensée, Liberté de conscience et la Ligue luxembourgeoise de l’enseignement dans un communiqué publié hier.

«C’est avec stupéfaction et effarement que les soussignés ont appris que les responsables de la plateforme « Fir de Choix » ont attaqué en justice le président de l’association AHA et que le procureur de l’État requiert une peine de prison à l’encontre du président de l’association AHA, pour avoir qualifié dans le cadre d’une action publique en défense et en promotion de la laïcité de notre société, les agissements des protagonistes du maintien de l’enseignement de la doctrine chrétienne dans l’enseignement public comme expression d’un fanatisme religieux», indiquent les signataires dans leur communiqué.

«La qualification de fanatique est justifiée»

Le communiqué rappelle dans la foulée que le choix du gouvernement de «bannir» l’enseignement religieux dispensé par l’Église catholique du programme de l’enseignement public est appuyé par «une majorité de députés démocratiquement élus». Au passage, les signataires saluent l’instauration d’«un cours d’éthique idéologiquement neutre et fondé sur l’analyse critique et les valeurs communes d’une société démocratique moderne».

En outre, le gouvernement aurait fait le choix de négocier «un compromis avec les représentants des Églises et communautés religieuses les plus représentatives dans notre pays. Et ce, au grand dam d’une bonne partie des citoyens qui défendent une conception laïque de l’État et la séparation stricte de l’État et des Églises et autres communautés religieuses».

Si les quatre signataires du communiqué de soutien à Laurent Schley estiment que «les campagnes de « Fir de choix » en faveur du maintien du système actuel (…) sont certes légitimes dans une société démocratique», ils soulignent qu’«heureusement, nous ne vivons pas dans un État théocratique». «Le rôle des institutions religieuses à la suite d’un combat qui a duré des siècles et a fait des victimes nombreuses du côté de ceux qui se sont engagés pour le libre arbitre, la liberté de pensée et de croyance et les droits de l’homme n’est plus celui qu’il était encore il y a une centaine d’années où l’école publique était sous la tutelle de l’évêché», poursuit le communiqué. Par conséquent, «le but du combat mené par « Fir de Choix » est un combat rétrograde, l’approche est extrémiste et réactionnaire, donc la qualification de fanatique est objectivement justifiée et puisqu’il s’agit d’un enjeu religieux il s’agit d’un fanatisme religieux».

Les signataires fustigent le fait que «les protagonistes de cette position rétrograde et réactionnaire» attaquent aujourd’hui leurs adversaires en justice «pour les faire condamner pénalement et pour étouffer de la sorte le débat public. Cette action serait «significative de leur mentalité». «Que le procureur de l’État s’inscrive dans cette démarche est plus que préoccupant pour l’avenir de notre démocratie», ajoutent les initiateurs du soutien au président de l’AHA. Ils remettent encore une couche en indiquant que «si les responsables de « Fir de Choix » ne retirent pas leur plainte, ils démontreront qu’ils sont effectivement des extrémistes religieux, des fanatiques religieux». Leur conclusion est la suivante  : «Si Laurent Schley est condamné, les soussignés et demain des milliers d’autres citoyens doivent être condamnés.»

David Marques