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Ascométal : retour en zone de turbulences


Hagondange – Sauvé en mai 2014, le leader français des aciers spéciaux devenu Asco Industries ferme son site du Cheylas.

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Ascométal est de retour à la case tribunal. (Photo : AFP)

Huit mois après sa reprise par Frank Supplisson, ex-conseiller des cabinets de Christine Lagarde et d’Eric Besson, le leader français des aciers spéciaux (1 740 salariés, dont 580 en Lorraine, à Hagondange et Custines), tangue à nouveau.

Moins d’un an après avoir remporté le match contre le géant brésilien Gerdau, la nouvelle direction soumet au tribunal de commerce de Nanterre une reconfiguration de son site du Cheylas, en Isère. Présenté à la surprise générale au comité central d’entreprise vendredi dernier, ce « projet de réindustrialisation complète du site » prévoit la fermeture d’une unité de production, notamment de ressorts hélicoïdaux, qui emploie 78 salariés. Ceux-ci se verront « proposer des mutations dans d’autres usines du groupe (à Custines, par exemple) ou des postes dans d’autres entreprises locales (Winoa, Geodis…) suite au plan de réindustrialisation » présenté.

Inattendue et brutale, l’annonce est accompagnée par un calendrier qui a prévu une première réunion du plan de sauvegarde de l’emploi (PSE)… dès jeudi, entre partenaires sociaux !

En mauvaise santé depuis de nombreuses années, le site du Cheylas avait cependant été un des enjeux de la reprise d’Ascométal, au printemps dernier. Seul candidat en lice à prédire de beaux lendemains au site isérois, Frank Supplisson avait rassuré le comité d’entreprise en étant également le mieux-disant socialement, ainsi que le garant du maintien du périmètre de l’ex-groupe Ascométal. Il avait aussi obtenu le soutien d’Arnaud Montebourg, alors ministre de l’Économie.

Aujourd’hui, les syndicats sont furieux. « Apprendre la fermeture du Cheylas par voie de presse est une insulte », clame, dans un tract, la CGT, qui avait soutenu du bout des lèvres la solution Supplisson (rebaptisé aujourd’hui Super Énarque, en référence au surnom de Chirac, Super Menteur, dans Les Guignols de l’info).

> Mouvements sur les centrales électriques

« Frank Supplisson est tout le temps dans le double langage », peste Yann Amadoro, délégué CGT au CE et syndicaliste lorrain. « D’un côté, il ferme un site, de l’autre, il parle de retour de la croissance, alors que notre résultat brut d’exploitation fin 2014 est à moins 10 millions d’euros ! Là, il nous vend de la réindustrialisation, alors que la réalité, c’est que 78 personnes sont licenciées. C’est qui les prochains ? »

Frank Supplisson affirme, au contraire, qu’il avait présenté ses plans pour le Cheylas dans son offre de reprise. De toute façon, « au-delà du Cheylas, le périmètre n’évoluera plus », a promis lundi le néo-capitaine d’industrie Frank Supplisson.

Les syndicats ont cependant le sentiment qu’il vient de rompre le pacte de confiance passé au printemps 2014. « C’est pareil avec la vente des centrales électriques du Cheylas [estimées à plus de 50 millions d’euros]. Elles vont servir à rembourser les crédits à taux super-élevés contractés par Supplisson. C’est n’importe quoi ! Une fois de plus, ce n’était pas prévu », peste le délégué CGT, en préparant « la riposte ».

Fin 2014, la constitution de nombreuses sociétés dans des fiduciaires du Luxembourg, dédiées notamment aux centrales hydroélectriques apportées en garantie aux très gourmands fonds de retournement DK et Warwick, avait déjà largement intrigué les partenaires sociaux.

Alain Morvan (Le Républicain Lorrain)