Le couple grand-ducal héritier a découvert, hier, l’usine d’ArcelorMittal spécialisée dans les poutrelles géantes, avec ses fours montant jusqu’à 1 600°C.
Le Grand-Duc héritier et la Grande-Duchesse héritière ont visité l’usine ArcelorMittal, accompagnés d’une délégation. (Photos : Jean-Claude Ernst)
Avant même l’arrivée du couple grand-ducal héritier, hier après-midi, la presse était informée sur la sécurité. Dans l’antre d’ArcelorMittal, à Differdange, alors que des lignes sans fin d’acier en fusion passent sous les chemins balisés de la visite, il n’est pas question de faire d’entorse au règlement. C’est donc une visite millimétrée dans laquelle se lancent Guillaume et Stéphanie dont le but est de découvrir le monde de l’entreprise luxembourgeois. Une initiative de la Fédil qui veut donner au couple héritier une vision des activités des membres.
De façon générale, l’entreprise ArcelorMittal a une capacité de production annuelle de 119 millions de tonnes d’acier, elle compte 232 000 employés dans 60 pays. L’usine de Differdange est spécialisée dans les poutrelles, en particulier les géantes qui ont pour destination les grandes villes du monde entier et les plus grands buildings du monde : Shanghai, avec la construction du World Financial Center, Dubai, avec la construction de la Burj Khalifa, ou encore New York, avec la Freedom Tower. Ces poutrelles sont aussi utilisées pour construire des parkings, des plateformes pétrolières en pleine mer, des ponts ou encore, dernièrement, le stade des Vikings et l’Apple Campus en Californie.
Les poutrelles fabriquées à Differdange partent pour le monde entier.
Tout cela est possible grâce au four électrique de Differdange qui a produit 1 256 000 tonnes d’acier en 2014, le laminoir a sorti 668 000 tonnes d’acier et la finisseuse 50 000 tonnes.
> Un immense brasier
Derrière ce travail, on découvre des ouvriers, techniciens, ingénieurs, tous passionnés par leur métier et intarissables sur le sujet.
Au sein du site, l’œil est frappé par d’énormes collines de ferraille recyclée ou de minerai de fer qui attendent d’être fondues dans une fosse de 7 mètres de profondeur qui peut en recevoir jusqu’à 60 000 tonnes.
L’endroit le plus impressionnant du site est dans la pièce qui contrôle l’un des deux fours électriques. À première vue, lorsqu’on entre dans ce local, on remarque surtout un homme devant un grand bureau en arc de cercle avec beaucoup de manettes. Rien d’exceptionnel donc.
Mais quand un nouveau « panier » arrive et entre en combustion, soudain la vitre teintée face à l’homme ne peut plus cacher un immense brasier orange à peine à quelques mètres des visiteurs, en l’occurrence, hier, du couple grand-ducal héritier. Les flammes brillent dans les yeux des époux, visiblement impressionnés. De l’autre côté de la vitre, la température atteint au moins 1535 °C et peut monter jusqu’à 1 600 °C.
Ensuite, l’acier semi-dur « est coulé en continu dans les lingotières », indique Ludovic Beaupuits, ingénieur sécurité pour ArcelorMittal. Cette fois-ci, l’opération se déroule sans la protection d’un écran, et même à une dizaine de mètre, la présence de ces lames encore rougeoyantes brûle les visages. Le vacarme est presque infernal, mais le spectacle est hypnotique.
L’eau versée sur l’acier pour refroidir la matière bout de façon surréaliste et finit par se transformer en une intense vapeur d’eau qui change de couleur sous les fenêtres de l’usine. L’industrie se transforme presque en poésie, mais la technique qui se cache derrière ne laisse pas le droit à l’erreur…
De notre journaliste Audrey Libiez