Jonathan Joubert a de grandes chances de fêter, dimanche, le dixième titre de champion de DN de sa carrière, record de René Hoffmann égalé.
Le F91 peut remporter deux trophées en huit jours. Cela fait plus de trois semaines qu’il court après sans parvenir à le rattraper alors, forcément, il se méfie.
Y a-t-il vraiment un risque que le F91 ne soit pas sacré dimanche soir ?
Jonathan Joubert : Mathématiquement, c’est encore possible.
Et si vous laissez parler vos tripes ?
Je pense qu’on va tout faire pour l’être. On va tout mettre dans ce match. On est invincibles chez nous (il coupe)… Ah non, Differdange est venu nous battre. Bon, disons qu’on effectue une très belle saison à la maison et que le pourcentage de chances pour qu’on soit champion est élevé. En tout cas, on ne se voit pas une seule seconde ne pas l’être.
Règne-t-il une certaine tension dans l’équipe ?
Pas une tension, non, mais une certaine pression car on a brûlé pas mal de jokers. Mais le Fola, je pense, préférerait être à notre place qu’à la sienne.
Honnêtement, à Mondorf, vendredi dernier, vous n’avez pas un peu eu peur en milieu de deuxième période ?
Non. Bon, on savait que le Fola menait, mais on avait surtout pour objectif de ne pas perdre. Vu la façon dont on avait dominé Mondorf en première période, on ne pouvait pas avoir peur. Après, c’est vrai, on n’est jamais à l’abri d’un contre ou d’une phase arrêtée. Comme la seule chose qui importait, c’était de ne pas prendre de but, tout le monde redescendait et je gueulais un peu plus pour garder tout le monde sous pression, qu’il n’y ait pas de relâchement. Parce que c’est ce genre de match où…
Et à la toute fin de ce match, quand le RFCU a égalisé contre le Fola ?
Ah mais on ne le savait pas…
Quoi ? Personne ne vous a prévenus que si vous marquiez un but, vous auriez été sacrés champions ?
Non, on ne nous a pas dit. Personne. Je ne pense pas que ça aurait changé grand-chose de toute façon.
Vous auriez pu pousser un peu plus.
Je ne pense pas qu’on aurait plus appuyé. Il fallait aussi faire attention à ne pas se faire contrer et on avait notre schéma. Non, même si on avait su, vraiment, ça n’aurait rien changé.
Ce qui risque de changer, c’est vous : en cas de titre, dimanche, vous entrerez dans l’histoire avec votre dixième titre.
Déjà ? Je savais que j’en avais pas mal.
Et vous en aurez autant que René Hoffmann, l’intendant de la sélection nationale.
(Il rit) Ah bon, il en a dix aussi ? Eh bah c’est bien, comme ça, on aura quelque chose dont on pourra discuter au prochain rassemblement. Et j’avoue que j’espère maintenant arriver à onze!
Lequel aura été le plus marquant jusque-là, pour vous ?
Toujours celui du CSG (NDLR : conquis en 2003 sur la pelouse de… Dudelange) puisque c’était le premier de leur histoire.
Celui de cette saison, s’il survient, serait aussi un peu spécial : jamais le F91 n’a jamais conquis une couronne avec autant de Luxembourgeois sur le terrain.
C’est vrai ! Cela prouve aux Luxembourgeois qui sont réticents à l’idée de nous rejoindre qu’on peut jouer dans cette équipe maintenant!
On y parle luxembourgeois, désormais, sur le terrain ?
Non, pas vraiment. Seulement quand Kevin (NDLR : Malget) en a besoin parce qu’il a des fois du mal à l’assimiler. Et puis on utilise un peu le portugais avec Stelvio (NDLR : Cruz).
Comment est l’ambiance en cette semaine décisive et alors que la question du futur de Michel Leflochmoan n’a toujours pas été éclaircie ?
Chacun a un contrat et ce n’est pas nous, les joueurs, qui allons décider quoi que ce soit. La seule chose que nous pouvons offrir au coach, c’est le fait d’être champion. Le reste, ce n’est pas notre histoire. Après, ce serait bien d’avoir un peu de stabilité. Et pourtant, on a encore beaucoup changé ces derniers temps…
Donc ? L’ambiance ?
Tout à fait normale. Chez nous, il ne se passe rien de spécial.
Comme à la veille d’une semaine qui peut vous offrir un doublé quoi ?
Il date de quand le dernier ? De Michel Leflochmoan je pense (NDLR : en fait, il date de 2012, sous Didier Philippe). On aurait pu en refaire un avec « Caza » (NDLR : en 2013) mais on avait perdu en finale. En fait, c’est toujours facile à dire quand les gens affirment que nous ou le Fola, on va tout gagner, mais ça ne l’est pas. On s’y était habitué sous Leflochmoan, il y a quelques années, mais non, ce n’est pas facile.
Là, il vous faudra battre Wiltz chez vous et Mondorf au Josy-Barthel, sur un grand terrain. C’est abordable quand même !
Ces dernières années, pour nous, ça n’a pas trop tourné au Josy-Barthel (NDLR : deux défaites sur les deux dernières finales, en 2014 et 2015) et on parle d’une équipe qui a sorti le Fola. Il y a tellement de choses qui peuvent arriver : on peut prendre un but tôt dans le match, avoir un expulsé… Mais bon, cette semaine, c’est l’aboutissement d’une saison et ce serait tellement beau qu’on gagne deux trophées. On n’a pas toujours forcément bien joué mais gagner des matches d’un but, c’est aussi la force d’une équipe.
C’est un match qui va vous coûter, comme à tous vos coéquipiers dudelangeois, une sélection contre le Nigeria. Un simple aléa ?
Ça me fait chier. J’avais envie de regoûter à la sélection avant la fin de la saison…
Propos recueillis par Julien Mollereau