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Le plan Juncker suscite l’appétit des pays européens


Le vaste plan d’investissements voulu par la Commission européenne a beau être critiqué, les pays européens se bousculent pour faire financer des projets aussi divers que la construction de terminaux gaziers ou la modernisation d’hôpitaux, sans aucune garantie de voir leurs rêves devenir réalité.

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Le plan Juncker, d’un montant de 315 milliards, a déjà attiré une masse de projets. (Photo : AFP)

Quelque 2 000 projets correspondant à 1.300 milliards d’euros sont déjà candidats à un financement par ce plan, priorité du président de la Commission, Jean-Claude Juncker, pour relancer la croissance et l’emploi. C’est la preuve « qu’il y a de gros besoins en investissements » en Europe, assure Jyrki Katainen, le commissaire en charge de la Croissance.

Le plan Juncker, d’un montant de 315 milliards, est en quelque sorte victime de son succès. Il a déjà attiré « une masse de projets qui dépasse la capacité de financement que nous allons mettre en oeuvre », souligne Pierre Moscovici, le commissaire aux Affaires économiques.

Une liste de projets a été présentée mardi, résultant du travail de la « task force » entre la Commission et la Banque européenne d’investissement (BEI), pour présélectionner des projets en se fondant sur les desiderata des Etats membres. Elle n’a rien de définitif. Construction d’une digue dans le port de la capitale maltaise, mise en place d’un câble sous-marin à fibre optique entre le Portugal, les Canaries et le Brésil, construction d’un nouveau terminal à l’aéroport de Francfort, modernisation des hôpitaux en Wallonie… La liste a des allures d’inventaire à la Prévert. « L’idée est que les investisseurs puissent voir ce qu’il y a dans les cartons », justifie un expert. Mais en l’état, il ne s’agit que d’un « matériau brut » appelé à évoluer jusqu’à ce que le plan prenne forme à la mi-2015.

> « Pas de quota par Etat »

La France a proposé le déploiement massif de points de charge rapide pour véhicules électriques, la création du Charles-de-Gaulle-Express, qui relierait directement Paris à l’aéroport de Roissy, ou l’instauration d’un programme pour améliorer l’efficacité énergétique dans les bâtiments publics. Des projets « souvent avec un coût d’entrée élevé mais rentable au niveau européen », souligne un diplomate.

Une des priorités de la Commission est de sélectionner des projets réalisables rapidement. Les infrastructures stratégiques, comme le numérique ou l’énergie, mais aussi les transports, l’éducation et la recherche sont privilégiés. Le ministre français des Finances, Michel Sapin, a insisté sur les « projets inter-pays, inter-nations, comme les interconnexions ferroviaires, énergétiques, numériques ».

Une partie du dispositif doit être réservée aux PME et aux entreprises de capitalisation moyenne, qui ont souvent du mal à trouver des sources de financement. Mais il n’y aura « pas de quota par secteur, pas de quota par Etat », prévient-on à Bruxelles. La sélection se fera par un comité d’experts indépendant, chargé d’évaluer la dimension européenne des projets et leur viabilité économique. « Ce ne sont pas les responsables politiques qui vont choisir les projets », confirme le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, « car nous voulons des projets qui ont du sens ».

Le sujet sera à l’agenda du sommet des dirigeants européens les 18 et 19 à Bruxelles. Il s’agit pour la Commission d’obtenir le soutien politique des Etats à ce plan, et éventuellement des financements. Le plan Juncker s’appuie sur une partie du budget européen et sur la BEI. Il peut être alimenté par des contributions directes des Etats membres, mais ce n’est pas le cas pour l’instant, au grand dam de ses détracteurs.

Bruxelles a lancé plusieurs appels du pied aux pays ayant des marges budgétaires, Allemagne en tête. Pour l’instant sans succès. Pour encourager à abonder le fonds d’investissement, la Commission prévoit que les sommes versées ne soient pas comptabilisées dans le calcul du déficit.

AFP

 

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